vendredi 8 décembre 2017

Orly accueille une station-service à l'hydrogène

J'ai assisté hier à l'inauguration d'une station à hydrogène sur l'aéroport d'Orly, à l'invitation d'Air Liquide. Ce point de ravitaillement a été aménagé à côté d'une station Avia, près du terminal ouest. C'est la seconde station ouverte par le groupe français, deux ans après la station provisoire installée à Paris au pont de l'Alma, à l'occasion de la COP 21 en 2015.



C'est d'ailleurs là-bas que les médias avaient rendez-vous pour un départ groupé en direction d'Orly. C'était à la fois l'occasion de voir la station, qui se trouve en plein milieu du carrefour qui fait face au pont, et de profiter au passage d'une balade en taxi à hydrogène. Nous avions le choux entre des Hyundai ix35 FC et des Toyota Mirai. Ces taxis font partie de la flotte du service Hype, opéré par la STEP (Société du Taxi Electrique Parisien).


A l'arrivée, nous avons retrouvé les médias et des invités. Le ruban a été symboliquement coupé par le PDG d'Air Liquide, Benoît Potier, et celui d'ADP, Augustin de Romanet. La responsable de communication du FCH-JU (un partenariat public-privé européen autour de l'hydrogène) s'est jointe ensuite à eux pour les photos.


Les médias ont ensuite pu filmer le plein d'une voiture à hydrogène. J'ai entendu des photographes se demander quelle était la voiture de Toyota (la Mirai), puis un journaliste demander sur un ton méfiant aux pompiers de Paris (présents à la cérémonie) si les conditions de sécurité étaient réunies. C'est justement ce qui crédibilise ce type d'énergie. Si on peut ouvrir une station à hydrogène dans un aéroport (ce qui a déjà été fait en Allemagne), c'est donc qu'il n'y a pas de problème majeur.


Les observateurs ont remarqué le prix du kg d'hydrogène. Comme on peut le voir sur l'écran, il s'affiche à 15 euros. Air Liquide explique que c'est normal pour le démarrage et que l'objectif est d'arriver à 10 euros. Sachant qu'1 kg permet de faire 100 km, le groupe français va faire en sorte que le coût à la pompe soit le même que pour un plein d'essence ou de gazole. Il faut aussi laisser le temps à l'hydrogène (qui est dispensé de taxes) de se faire une place.


La station est en mesure de fournir 200 kg d'hydrogène par jour. De quoi faire 20 000 km en mode zéro émission et assurer le plein d'un certain nombre de taxis. L'hydrogène vient a priori de Normandie, de Port-Jérôme, où Air Liquide en produit pour la raffinerie d'Exxon.


A terme, le groupe veut proposer de l'hydrogène issu d'énergies renouvelables. La proportion sera de 40 % en 2020.


Lors des discours, Benoît Potier a évoqué l'étude de McKinsey qui a été réalisée pour le compte de l'Hydrogen Council et publiée lors de la COP 23. Le potentiel serait de 10 à 15 millions de voitures et de 500 000 camions en 2030 et de... 400 millions de véhicules en 2050. Ca paraît quand même énorme, de l'aveu même des représentants de la filière. Le fait est que la communication a eu son petit effet et passe plutôt bien, les journalistes ayant compris que la voiture électrique n'est pas la réponse unique.


Pour sa part, Mathieu Gardies de la STEP a évoqué les perspectives de sa flotte Hype. Les taxis à hydrogène, qui étaient au nombre de 5 au démarrage, vont passer à 75 d'ici la fin de l'année. Il y en aura 600 avant 2020. Entre temps, Air Liquide va ouvrir une autre station, sur l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Autre annonce forte : les taxis de Hype vont faire leur apparition l'année prochaine à Bruxelles, dans le cadre d'un projet du FCH-JU.


Il faut prendre conscience qu'Air Liquide a déjà participé à la création de 100 stations à hydrogène dans le monde et qu'il a réussi à faire de la STEP la compagnie qui a le plus de taxis à pile à combustible. Quel dommage que les constructeurs français ne participent pas à cette aventure.