C'est quand même marrant tous ces rédacteurs du Net qui pissent de la copie au km et qui ont la mémoire d'un poisson rouge (qui se double d'une bonne dose d'inculture). Dès qu'un constructeur comme Toyota fait une annonce sur la batterie, comme cela a été le cas dernièrement avec Panasonic, il "rattrape son retard*" et par déduction, va donc abandonner forcément l'hydrogène. Parce que, pourquoi il n'a pas fait ça avant, hein, hein ? Pour toi, jeune stagiaire payé au même prix qu'un ouvrier pakistanais (et c'est hélas vrai), je t'apprends que Toyota a fait un RAv4 électrique entre 1997 et 2003. Il en a même fait un autre en 2012 avec l'aide de Tesla, dont il a été actionnaire pendant un temps, tout comme Daimler d'ailleurs. Ce que ne comprennent pas la plupart des journalistes, c'est que l'important n'est pas d'arriver le premier sur le marché, mais d'avoir la bonne technologie au bon moment. Et c'est aux alentours de 2020 que va se jouer la partie.
Avec la batterie solide, le dinosaure Toyota va peut-être mettre une tôle à Elon tout puissant. En tout cas, bon nombre de constructeurs vont accéder à des batteries différentes de ce qu'on connaissait jusqu'à présent.
Toyota a dit aussi qu'il voulait vendre 50 % de ses modèles en versions électrifiées en 2030, contre 15 % aujourd'hui. Cela veut donc dire les hybrides (moteur électrique + moteur essence), les voitures électriques à batterie et les modèles à pile à combustible. Parce qu'il faut rappeler qu'une voiture à hydrogène est aussi une voiture électrique, qui fabrique du courant en roulant. Précisons que sur les 5,5 millions de véhicules électrifiés à horizon 2030, 4,5 millions seront des hybrides. Cela permet de relativiser les projections totalement délirantes que l'on entend ici et là sur le mix de ventes avec des voitures électriques.
En résumé, Toyota investit bien dans l'électrique à batterie, avec des partenariats (Denso pour les moteurs, Panasonic pour les batteries), mais ne lâche absolument pas l'affaire dans l'hydrogène. Et il n'est pas le seul à persévérer. Nissan et Honda participent au Japon à l'élaboration d'un réseau de stations service à l'hydrogène. Ces trois constructeurs font partie d'un consortium qui réunit onze entreprises (dont Air Liquide) pour financer 80 des 160 stations prévues d’ici 2020. A cette date, on devrait compter 40 000 véhicules dans les rues.
Et en France ? Malgré une pensée unique sur la batterie, Nicolas Hulot a demandé une feuille de route à la filière hydrogène. Le ministre de l'écologie veut des arguments pour transformer une intuition en conviction. L'AFHYPAC va donc lui transmettre un document d'ici fin janvier, avec une synthèse de ce qu'attendent les acteurs de ce secteur. La mobilité ne sera pas le secteur prioritaire, mais les choses avancent dans ce domaine aussi. Alors que la région Rhône-Alpes-Auvergne lance son projet Zero Emission Valley, avec 20 stations financés par l'Europe, la Normandie va dévoiler bientôt son plan hydrogène, qui prévoit notamment 15 stations d'ici fin 2018. Au nom de la mobilité hydrogène, qu'il défend en France, le PDG de Symbio Fabio Ferrari veut croire que le soutien politique est là et que les choses vont dans le bon sens.
Le problème est qu'il faut le faire savoir. Et force est de constater que les médias ne sont pas au niveau dans ce domaine des énergies alternatives, tout comme d'ailleurs dans le véhicule connecté et autonome. Sinon, il existe bien une excellente revue éditée par la SIA et que lisent les gens sérieux et à la recherche d'une information de qualité.
*Dans le communiqué de presse publié sur le site global de Toyota, le PDG Akio Toyoda rappelle que la marque finançait dès 1925 le développement de batteries. Sinon, Toyota et Panasonic coopèrent depuis 1953.