mardi 18 avril 2017

L'hydrogène entre terre et mer

Ce week-end, j'étais à Saint-Malo pour la mise à l'eau d'Energy Observer, le bateau autonome en énergie. C'est un très beau projet, avec la combinaison d'une aile de kite intelligente, d'éoliennes verticales, de panneaux solaires, de batteries et d'une chaîne de production d'hydrogène à partir d'eau de mer. Ce bateau propre va partir en fin d'année pour un tour du monde jusqu'en 2022, afin de faire la promotion des énergies renouvelables.
Quel rapport avec l'automobile ? Le projet se fait en partenariat avec le CEA (à travers son laboratoire, le Liten) et Air Liquide. Ce sont des acteurs que je connais bien. Florence Lambert, qui dirige le CEA-Liten, et fait le lien entre le monde de la batterie et de l'hydrogène au sein de l'ex- NFI (mobilité durable), était d'ailleurs présente. Nous avons pu échanger sur le développement de la filière hydrogène. Florence Lambert a déclaré que le projet Energy Observer allait plus loin que la recherche, il y a derrière des applications industrielles à venir.

J'ai aussi revu Dominique Lecocq, d'Air Liquide. Nous avons évoqué ensemble la fausse information de l'abandon par Daimler de la pile à combustible, diffusée par un site alternatif. Fake news dont se réjouissent les adorateurs d'Elon Musk, dont certains sont des spécialistes du troll sur Twitter. Pauvres petits biquets : il va falloir penser au bromure...


Autre moment fort : la présence de Nicolas Hulot. Parrain du navire, et ami de Victorien Erussard, c'est lui qui a conseillé d'intégrer l'hydrogène dans le projet Energy Observer. Pour l'ancien animateur d'Ushuaia, et cheville ouvrière de la COP21, c'est le futur. Et Nicolas Hulot pense que, grâce à l'hydrogène, qui permet un stockage à long terme des énergies intermittentes, une ville comme Saint-Malo pourrait être autonome en énergie.

Bref, si on fait abstraction des branlotins qui s'agitent dans tous les sens pour dire que la batterie c'est formidable et que l'hydrogène c'est un désastre, il est en train de se passer quelque chose. L'hydrogène est justement en train de monter qu'il constitue une alternative tout à fait crédible dans le domaine de la mobilité. Il peut alimenter des bateaux. Alstom est en train de teste actuellement un train à hydrogène, qui pourrait remplacer avantageusement les locomotives Diesel. L'hydrogène, encore, se développe dans le segment des chariots-élévateurs, tout comme dans celui des engins de manutention aéroportuaires. Il est aussi attendu dans le domaine du camion (avec Nikola, un rival de Tesla*) et il va bien sûr se développer dans le domaine de l'automobile.

Pour info, le pôle Mov'eo organise une conférence sur le thème de la voiture à hydrogène, le 17 mai prochain en Normandie (une région volontaire en la matière).

Et contrairement à ce que pensent les détracteurs de l'H2, par ignorance ou sectarisme (les deux ne sont pas incompatibles), l'approche est bien de développer un hydrogène vert, produit à la demande à partir d'énergies renouvelables, grâce à des électrolyseurs**.

Le plus amusant, c'est qu'avec Energy Observer, la technologie française va faire parler d'elle pendant des années aux 4 coins du monde, avec deux champions de l'hydrogène que sont le CEA et Air Liquide. A terre, lors de chaque escale, ce sera l'occasion de faire connaître cette énergie.

*Ce dernier va se lancer dans le camion électrique.
**Il y a des fabricants français dans ce domaine, dont Areva et McPhy par exemple.