mardi 24 mars 2015

Circulation alternée : une réponse inadaptée et passéiste

Pour la troisième fois, la circulation alternée a été appliquée hier à Paris, après un épisode particulièrement long de pollution. Le site d'Airparif rappelle qu'une telle mesure a déjà été mise en place à deux reprises : le 1er octobre 1997, à cause d’un épisode de pollution au dioxyde d’azote, et le 17 mars 2014, compte tenu d’un épisode de pollution aux particules. Dans les deux cas, les impacts sur la pollution ont été évalués. En 1997, les concentrations de polluants avaient pu être diminuées de 20 % dans certaines zones grâce à cette mesure. En mars 2014, avec des outils d'analyse bien plus performants, Airparif a mis en évidence une baisse moyenne de trafic de 18 % à Paris (et de 13 % en petite couronne) et un impact, surtout le long des axes routiers, avec une diminution moyenne de pollution de 6 % pour les particules et 10 % pour les oxydes d’azote.
En cette année de l'air et du climat, on comprend la pression exercée par la ville de Paris sur l'Etat pour déclencher de manière plus systématique la circulation alternée, dès lors que le seuil d'information a été atteint et qu'un pic est prévu le lendemain. Mais, les effets sont limités* (normal, vu que le trafic automobile n'est pas le seul polluant, loin de là).

Que l'on me permette de souligner l'importance qu'on devrait plutôt donner aux véhicules propres. La circulation alternée ne s'applique pas aux véhicules électriques, hybrides et roulant au gaz. Fort bien, mais quand on décrète que seuls des véhicules à plaque impaire (ou paire selon le jour) ont le droit de rouler, on écarte du trafic des modèles vertueux (Euro 5 ou Euro 6) et on autorise a contrario des épaves fumantes à rouler en plein pic de pollution. Va comprendre, Charles. Par ailleurs, quand on consulte la liste détaillée des véhicules exemptés, on peut voir que ce sont surtout des véhicules diesel utilisés pour le transport et probablement pas très récents.


A la limite, seuls les véhicules Euro 5 et au-delà, ainsi que les véhicules électriques et hybrides devraient avoir le droit de circuler. Quand je lis que la gratuité des transports en commun sur Paris va représenter un coût de 10 millions d'euros, je me dis qu'avec la même somme, on pourrait aider bon nombre de français à changer de véhicule.

Mais surtout, on paye la frilosité des pouvoirs publics qui n'ont pas pris le virage des "low emission zones". Ailleurs en Europe, plus de 200 villes ont déjà fait le choix de s’attaquer au cœur du problème en interdisant les véhicules les plus polluants, voire en restreignant la circulation automobile dans leur centre-ville. Mais, en France, le pays des lumières et de la bien pensance, on utilise des recettes des années 90. La preuve, on ressort même la pastille verte.

Si avec ça, on n'impressionne pas le reste du monde au COP21...

Je vous conseille à ce propos le dossier publié par Le Monde : http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/03/23/pourquoi-la-circulation-alternee-ne-suffit-pas-contre-la-pollution-de-l-air_4599342_3244.html#c0lCj7bZOaQRe2mf.99