Son surnom a été "le petit prince du cash flow". On pourrait le qualifier aujourd'hui de prince de l'autopartage. Grâce à Autolib', dont on vient de fêter le troisième anniversaire, le groupe Bolloré s'est définitivement fait un nom dans ce secteur, au point d'exporter son savoir-faire dans plusieurs pays. Mais ce n'est qu'un des métiers de Bluesolutions, la société qui regroupe toutes les activités liées au stockage électrique.
Voyons d'abord quel est le bilan d'Autolib'. En compagnie de Marie-Pierre de La Gontrie, la Président du SMA (Syndicat Mixte Autolib'), Vincent Bolloré a cité quelques chiffres assez éloquents. Au bout de trois ans, le service d’autopartage a cumulé 8 millions de locations pour 73 millions de km parcourus en mode zéro émission. Plus de 200 000 personnes ont au moins essayé une fois la Bluecar et près de 70 000 ont un abonnement actif. Encore 10 000 de plus et le service sera à l’équilibre. Selon une étude, on estime que la Bluecar a retiré 17 000 voitures de la circulation en Ile-de-France en deux ans (voitures auxquelles les parisiens ont renoncé ou qu'ils n'ont pas achetées). Un chiffre qui pourrait passer à 28 000 en 5 ans.
Autolib’ a fait la démonstration de son efficacité et le syndicat qui gère le service regroupe aujourd’hui 71 communes, qui épousent pratiquement les limites du futur Grand Paris. Et il y a une vingtaine de plus qui se profile. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Bolloré va porter jusqu’à 3500 le nombre de ses voitures en Ile-de-France (contre 2900 aujourd’hui).
Régulièrement, le groupe Bolloré introduit des innovations. Il y a quelques mois, l’offre s'est déclinée avec Utilib’, qui se destine aux artisans avec une flotte de 150 voitures.
La semaine dernière, c'est un Club Autolib' qui a été créé. A partir de la plateforme Whaller*, ce club est un véritable réseau social qui permet d'optimiser le service à l'aide de ses utilisateurs. Ainsi, les clients qui se montreront citoyens, en remontant des infos sur l'état du véhicule (propreté, dégradations) et qui accepteront de rééquilibrer le réseau en ramenant des voitures dans les stations qui en manquent, gagneront des points (100 points équivalent à 5 euros) qui pourront être convertis en cadeaux liés à l'écomobilité ou en bons de location. Le club offre 200 points de bienvenue aux 1000 premiers inscrits avant le 28 février.
*créée par une filiale du groupe Bolloré en mai 2013, la plateforme est sécurisée et permet de nouer des échanges entre réseaux sociaux privatifs (clubs, associations, entreprises...).
Vincent Bolloré a également fait un point sur les dérivés d'Autolib'. Comme on le sait, les Bluecar roulent également à Lyon (Bluely) et Bordeaux (Bluecub). Elles ont même entamé une carrière à l'international, avec Indianapolis (BlueIndy) et Londres (Bluecity, avec une livrée rouge qui rappellera les célèbres bus). Le groupe compte également répondre à l’appel d’offres de Singapour pour s’implanter en Asie.
L'autopartage est un vrai business pour le groupe Bolloré. Mais, il n'a pas réussi à percer pour le moment sur le marché des particuliers. L'industriel breton compte sur la Bluesummer (la version décapotable, proposée en France pour 350 € par mois tout compris) pour conquérir la côte Ouest des USA. Et en France, il est candidat pour déployer un réseau de 16 000 bornes de recharge (de 7,4 kW, réparties tous les 40 km en moyenne), avec à la clé un investissement de 150 millions d'euros. C'est déjà lui qui exploite le plus grand nombre de bornes en service dans l'hexagone. Alors, pourquoi ne pas avoir une maîtrise totale de l'écosystème ?