samedi 7 février 2015

Transition énergétique : les demi-mesures et ce qui peut changer la donne

A force de tout vouloir repeindre en vert, nos dirigeants en viennent à perdre le sens commun. C'est un peu ce qui est en train de se passer, avec le train de mesures (déjà largement connues) qui a pour but de montrer à quel point Paris va "niquer sa race" au réchauffement climatique, en décembre prochain avec la conférence COP 21. Je m'excuse de ce langage peu châtié, mais il est vrai qu'on force tellement le trait en ce moment avec le vilain diesel et le gentil véhicule électrique "superbonusé" qu'il faut relativiser ces annonces et se demander ce qui va vraiment marcher.



Commençons donc par les demi-mesures.

Les critères sont tels que les pouvoirs publics ne devraient pas sortir beaucoup d'argent des caisses. En résumé, le super bonus pourra atteindre 10 000 € (6 300 de super bonus et 7 300 de prime de conversion) pour les acheteurs de voitures électriques. Mais, seulement si vous mettez à la casse un véhicule diesel de plus de 13 ans, et si vous habitez dans une zone considérée comme l’une des plus polluées.

A noter que l’aide est de 6 500 € (4 000 de bonus et 2 500 de prime de conversion) si vous optez dans les mêmes conditions pour un véhicule hybride rechargeable, c’est-à-dire ayant une batterie permettant de faire quelques dizaines de km en mode électrique. C’est le cas par exemple de l’Audi A3 e tron, de la Golf GTE, du Mitsubishi Outlander, de la Toyota Prius VHR, de la Volvo V60, mais aussi de quelques Premium allemands (BMW i8, Mercedes S 500 plug in Hybrid, Porsche Panamera et Cayenne S-E Hybrid). Il n’existe pas de modèles français dans cette catégorie.


Une idée qui aurait pu marcher

La vraie nouveauté, c’est que les ménages non imposables pourront bénéficier d'une prime de 500 euros s'ils troquent leur vieux diesel (toujours de plus de 13 ans) contre une voiture Euro 6, neuve ou d'occasion et émettant moins de 110 g/CO2. Et la prime s’appliquera aussi si c’est un diesel récent. Comme quoi le gouvernement finit par faire la différence entre le diesel sans filtre et le diesel moderne. Il était temps. Mais, la vraie question, c'est pourquoi avoir limité ça aux ménages non imposables ?


Le retour de la pastille verte

Vous vous souvenez peut-être de cette pastille qui ornait le pare-brise des véhicules des véhicules considérés comme les plus propres, dans les années 90 et 2000. C’est un dispositif qui n’a en fait jamais servi, car entre temps le parc auto s’était converti au pot catalytique, et qui a été abandonné il y a une dizaine d’années. Il va faire son retour sous la forme d’un "certificat qualité de l’air" avant l’été. Ce sera un autocollant remis gratuitement à ceux qui font la demande en préfecture, sur présentation de la carte grise. Si vous avez un véhicule vert, ce certificat permettra par exemple de rouler pendant des pics de pollution, voire de prendre les voies de bus, en fonction de ce que décideront les villes. Il y aura aussi d’autres autocollants, avec d’autres couleurs et un classement de 1 à 6 étoiles. Mais, j’imagine mal les propriétaires de vieilles voitures se précipiter pour arborer un certificat de couleur rouge.


Ce qui peut changer la donne

Comme on pouvait s'y attendre, le projet du groupe Bolloré de construire une infrastructure de recharge nationale pour véhicules électriques est reconnu de « dimension nationale » par les Ministères de l’Économie et de l’Écologie. Pouvait-il en être autrement ? C'est déjà le premier opérateur de points de charge électrique en France avec environ 6 000 bornes (principalement en Ile-de-France et sur les régions de Bordeaux et de Lyon). L'industriel breton va donc déployer sur 4 ans 16 000 nouveaux points de charge. Un investissement qui sera à sa charge (150 millions d'euros), sachant qu'il est en contrepartie exonéré de la redevance d’occupation du domaine public. Avec ce réseau, Bolloré apporte la garantie d'au moins un point de charge tous les 40 kilomètres. D’un point de vue technique, le choix s’est porté sur des bornes dites « semi-accélérée » (7,4 kW), permettant de faire le plein d'électricité en 4 h (au lieu de 8 en moyenne). Un choix curieux, mais qui a le mérite d'éviter de déstabiliser le réseau électrique par des appels de puissances trop brutaux et de prolonger la durée de vie des batteries des véhicules, se justifie le groupe. Made in France (à Besançon), les bornes seront tactiles et connectées. Les abonnés pourront ainsi avoir accès à des services d’autopartage et à des hotspot Wifi.

Si avec tout ça, on n'impressionne pas la planète lors du COP 21...