Mardi dernier, par un communiqué du CCFA, les constructeurs français ont fait savoir qu'ils "considèrent que les mesures annoncées par la Mairie de Paris apportent une réponse appropriée aux enjeux de qualité de l’air, car elles limitent la circulation des véhicules les plus polluants en commençant par les véhicules légers antérieurs à 1997 et les véhicules lourds d’avant 2001". Mais ils précisent surtout un point : ils "sont satisfaits de la clarification du débat sur le diesel, la Mairie de Paris ayant officialisé que les diesels modernes équipés de filtres à particules circuleront normalement dans Paris au-delà de 2020".
Traduction : le voeu pieux "d'éradiquer le diesel", encore proclamé il y a peu par Anne Hidalgo, et repris sans recul par des médias moutonniers, n'est plus à l'ordre du jour. Mais que s'est-il passé ? Le matin même, la maire de Paris avait précisé chez Bourdin, sur BFM TV, que "les véhicules récents, Euro 5 et Euro 6, pastillés" circuleraient bien dans la capitale. Elle l'a dit avec des contorsions.
Lien : http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/bourdin-direct-anne-hidalgo-1002-441546.html (à partir de 11 mn 58). De quoi désespérer les écologistes... Mais, la Ville de Paris ne peut pas faire n'importe quoi et a besoin du soutien de l'Etat pour faire adopter son plan.
Bien sûr, on trouvera toujours des adeptes de la théorie du complot, qui y verront la main du lobby automobile. Il est vrai que CCFA, le 12 décembre, avait réagi en dénonçant "des amalgames" de la part de la Ville de Paris. En vérité, il y a eu des échanges réguliers entre l'équipe Hidalgo (et plus précisément son adjoint Christophe Nadjokovski, en charge des transports) et les constructeurs français. Renault et PSA ont simplement fait passer les bons messages techniques, autour des normes Euro et des polluants. C'est une riposte scientifique à une certaine forme d'obscurantisme. Le communiqué du CCFA confirme qu'une rencontre prochaine est prévue avec la Mairie de Paris*. Les constructeurs français "comptent à cette occasion confirmer la totale efficacité du filtre à particules des moteurs diesel, y compris sur les particules les plus fines, dans toutes les conditions d’usage des véhicules".
Le CCFA défend avec force le rôle de l'industrie française en faveur "des solutions de mobilité propres et durables, accessibles au plus grand nombre", en rappelant que les constructeurs "ont toujours été à la pointe de ruptures technologiques qui ont fait drastiquement baisser les consommations et les émissions de CO2 et de polluants des véhicules". La chambre syndicale s'abstient en revanche de commenter le détail des mesures prises à la fois par la Ville de Paris et le gouvernement pour renouveler le parc. Mais, je vous invite à lire l'article très juste de Maxime Amiot dans Les Echos**, qui fait le bilan de ces effets d'annonce qui n'auront aucun effet sur le renouvellement du parc.
Si on avait écouté les vrais experts plus tôt, on aurait évité de déstabiliser le marché de l'automobile en semant le trouble dans l'esprit des consommateurs. Encore bravo aux apprentis sorciers qui ont voulu tuer le diesel et qui ont réussi à faire chuter l'hybride (produit en France par PSA et Toyota), en voulant pousser l'électrique (dont pas grande monde ne veut) et l'hybride rechargeable (qui profite exclusivement aux constructeurs étrangers). Quel talent !
*Rencontre à l'initiative de Mme Hidalgo, alors qu'elle laisse entendre sur BFM TV que ce sont les constructeurs qui lui ont demandé.
**Lien : http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0204154780487-pollution-automobile-gare-aux-raccourcis-1092888.php
A noter que la CSIAM a aussi réagi au nom des constructeurs étrangers : elle estime que le plan antipollution présenté par la maire de Paris Anne Hidalgo s’inscrit dans une tendance générale partagée par tous les grands pays développés, soulignant que les milliards d’euros investis depuis des années par les constructeurs pour réduire l’empreinte écologique de leurs véhicules l’ont rendu possible. Les constructeurs adhérents de la Csiam notent avec satisfaction l’évolution très positive de la Mairie de Paris concernant le positionnement écologique du diesel. En effet, les moteurs diesel des voitures récentes, c’est-à-dire répondant aux normes Euro-5 et Euro-6, ne rejettent quasiment plus de particules et sont nécessaires à l’atteinte des objectifs de réduction des émissions de CO2 décidés au niveau européen, souligne la chambre syndicale.