C'est à l'occasion d'un séminaire qui s'achève aujourd'hui à l'Université de Marne-La-Vallée, dans les locaux de l'IFSTTAR, qu'a été annoncé l'entrée dans sa phase concrète du projet SCOOP. Il aura donc fallu 4 ans, entre l'annonce et la réalisation de ce projet, qui consiste à déployer des balises connectées réparties le long de 2 000 km de routes et des véhicules spécialement équipés par les constructeurs français. L'infra est prête et les véhicules sont disponibles à la vente. Mais oui !
j'ai donc eu la surprise d'apprendre que les balises avaient été installées comme prévu sur les 5 sites-tests retenus. A savoir :
- L'Île-de-France : une grande partie des équipements est déployée sur l’A86 et la Francilienne (gestionnaire : DIR Île-de-France) ;
- Le "Corridor Est" : entre Paris et Strasbourg (gestionnaire : SANEF) ,
- L'Ouest : routes nationales et départementales, péri-urbaines et interurbaines, reliant des villes phares de la Bretagne (gestionnaires : DIR Ouest, Région Bretagne, Côtes d’Armor, Ille et Vilaine, Agglomération de St Brieuc, ITS Bretagne) ;
- Bordeaux : la rocade et ses pénétrantes principales, en prolongement de l’expérimentation réalisée dans le cadre du projet européen COMPASS4D (gestionnaire : DIR Atlantique) ;
- L'Isère : routes secondaires dans les territoires de montagne (gestionnaire : le département).
Les unités de bord de route sont fournies par Neavia (Lacroix) et NeoGLS. Leur portée est de 1,5 km environ.
La technologie repose sur ce qu'on appelle de l'ITS-G5. C'est un Wi-Fi de la route. L'écosystème repose aussi sur une plateforme SCOOP et un centre de gestion du trafic dépendant du gestionnaire d'infrastructures.
Le projet a pris du temps, car il fallu préparer un dossier avec la CNIL sur la protection des données. La célèbre agence autorise la collecte de données pour la recherche jusqu'en 2020 et leur analyse jusqu'en 2023. Par ailleurs, les partenaires ont pris le soin également de sécuriser les transmissions. C'est ici qu'entre en jeu le serveur PKI (Public Key Infrastructure = Infrastructure à clés publiques). Afin de contrer les cyber-attaques, les données s'échangent de façon anonymes avec des certificats qui sont renouvelés très fréquemment.
Les véhicules recevant ces infos de proximité sont de deux natures : d'un côté les flottes des gestionnaires de voirie (avec un terminal spécifique et une interface homme-machine complémentaire) et de l'autre ceux des constructeurs français.
Renault a décidé de produire 1 000 exemplaires de la Mégane avec la technologie SCOOP (sans surcoût). C'est une intégration en première monte, avec un boîtier placé dans le coffre et relié à l'antenne de toit. Quelques dizaines de véhicules circulent déjà. La cible visée est celle des entreprises.
A bord, la marque au losange a fait une intégration au sein du système télématique R-Link. Il existe un menu spécifique SCOOP dans le menu et un pictogramme apparaît en haut de la carte de navigation.
Dans la Mégane, voici par exemple les différentes situations que le conducteur peut relayer. Il lui suffit d'appuyer sur une de ces touches pour relayer l'info autour de lui, dans un rayon de 300 à 800 mètres. A terme, ce sont les capteurs qui se chargeront de détecter les situations à risque et de les transmettre automatiquement.
L'alerte pourra alors être lue par un autre véhicule équipé d'un terminal compatible SCOOP et bien sûr par une balise en bord de route s'il y en a une à proximité.
Chez PSA, le choix est d'équiper en après-vente deux modèles de la gamme : la Citroën C4 et la DS4 (deux modèles en fin de vie). On retrouve bien sûr les mêmes prestations que chez Renault. A bord de ces voitures connectées, on bénéficie d'une info en temps réel, signalant les accidents, les chantiers et tout problème pouvant avoir un impact sur le trafic.
Les concessionnaires situés dans les zones concernées par ce test peuvent prendre les commandes . Mais, la démarche peut venir aussi du public. Un site Internet permet aux clients potentiels de s'inscrire pour tester la technologie.
La ministre des Transports, Elisabeth Borne, est attendue ce vendredi à l'IFSTTAR pour prendre la parole sur le projet SCOOP. On m'a expliqué que c'était bien plus qu'une expérimentation et que l'infrastructure déployée avait vocation à être utilisée ensuite.
Comme d'habitude, on peut s'étonner de l'absence de toute mention à ce projet sur le site de la Sécurité Routière (c'était pareil pour l'entrée en vigueur de l'eCall, le 31 mars). Et pourtant, la voiture connectée 2.0 offre un large potentiel pour sauver des vies. Le comportement de cette administration est d'ailleurs qualifié de "catastrophique" par un observateur avisé des arcanes de la mobilité et des ministères.