Ce samedi, j'ai été invité aux 24 Heures du Mans : une expérience que j'ai vécue déjà bien des fois, mais qui avait cette année un caractère plus exclusif. Au-delà du privilège d'arpenter la grille de départ et de pouvoir échanger avec bon nombre de représentants de l'industrie automobile, qui étaient présents durant ce week-end, dont BMW qui revient en 2018, j'ai pu constater à quel point Le Mans était monté en gamme. On est dans un univers qui fait penser davantage à la F1 et la plus grande course d'endurance au monde s'ouvre davantage à la technologie.
Ainsi, juste avant le départ de cette 85ème édition, l'ACO avait annoncé une évolution du réglement qui va donc, en 2020, adopter l'hybride rechargeable.
Avec la technologie Hybrid Plug-in, les bolides pourront rouler en électrique sur de courtes distances, puis passer en mode moteur à combustion. L’ACO et la FIA travaillent d’arrache-pied, avec le concours des constructeurs, pour l’intégration de ces nouveaux développements technologiques sur les LM P1 H, la catégorie reine des 24 Heures du Mans et du Championnat du Monde d’Endurance de la FIA. Cette réglementation révolutionnaire entrera en vigueur en 2020 et présente de nouvelles possibilités de développement afin que l’endurance automobile reste leader dans le domaine technologique.
Reste à voir si Porsche et Toyota seront de l'aventure. La rumeur annonce le départ de la marque allemande (qui a empoché une 19ème victoire) et on ne sait pas ce que fera le japonais, après une nouvelle déconvenue. Dommage pour ce dernier, car une victoire en 2017 aurait permis de célébrer en même temps le 20ème anniversaire de la Prius, et de faire un lien entre la technologie de série et celle utilisée sur la piste.
En tout cas, voici une belle hybride rechargeable. Sur son pavillon, Michelin a exposé la Boreas. Un bolide plug in qui a de l'allure. L'auto a été conçue en Espagne et développe plus de 1000 chevaux.
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Par ailleurs, on peut voir l'électrique montrer son nez. Ainsi, Panoz a exposé ce week-end la GT-EV. Cette GT 100 % électrique pourrait être la première à disputer les 24 Heures du Mans, dès l'année prochaine. Fin 2016, Don Panoz, patron de Panoz mais aussi de DeltaWing, a créé Green4U. Cette start up a pour but de développer des technologies électriques pour l'automobile. Elle est en train de développer la GT-EV à batterie amovible.
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Toujours dans l'électrique, j'ai trouvé intéressant de voir un stand de Tesla. Le constructeur californien exposait simplement la Model S et la X. Un jour peut-être, avec des batteries amovibles, il pourrait être tenté de se lancer dans le bain de l'endurance.
La voiture la plus spectaculaire était sans aucun doute la monoplace sans conducteur du championnat Roborace. On pouvait l'approcher sur le stand de Michelin. Pas de place pour un pilote, mais il y a des capteurs et surtout de l'intelligence artificielle. Son "cerveau", fourni par Nvidia, effectuera 24 000 milliards d'opérations par seconde ! Il pourra analyser en temps réel les données de dizaines de capteurs ultra perfectionnés (radar, guidage laser, caméra, ultrasons...), répartis sur le châssis. Grâce à ces informations, l'IA crée une image à 360 degrés et détermine la meilleure trajectoire possible, à la manière d'un humain qui reçoit des informations grâce ses yeux, ses oreilles, ses mains.
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Pour en avoir parlé au comédien Arnaud Ducret, avec qui j'ai partagé un dîner, et dont le père a été commissaire de piste aux 24 h, ce n'est pas une perspective qui fait rêver les amateurs de courses.
Et après-demain ? Sans doute l'hydrogène. Toyota, qui repart sur une nouvelle défaite, voudra peut-être un jour l'affront avec une technologie qu'il maîtrise.