Anne Hidalgo a donc reçu hier le rapport de la Mission d’Information et d’Évaluation du Conseil de Paris sur le devenir du périphérique parisien. Il a été rédigé par des élus de toutes tendances politiques et on peut le lire ici. Le contenu était déjà en partie connu, avec une proposition-choc : baisser la vitesse à 50 km/h (alors que le passage de 80 à 70 n'a eu aucun effet mesurable sur le bruit et la pollution*). Voici donc plus en détail les pistes que suggèrent ces élus et qui devront être discutées (pour une fois avec les communes limitrophes de Paris).
Dans un premier temps, la ville de Paris veut lancer dès 2020 une étude, renouvelée tous les 5 ans, en vue de recueillir des données précises sur les déplacements (origines/destinations), les usages et le profil des usagers du périphérique. Cette étude intégrera les données collectées par des capteurs. L'objectif est aussi d'instituer un dialogue régulier entre Paris et les communes limitrophes, en créant une commission au sein de laquelle seraient étudiés les projets visant à transformer le périphérique d’une part et les projets d’urbanisme à proximité d’autre part. Il y aurait même un groupe de pilotage qui pourrait contribuer à la réflexion engagée par le Forum métropolitain du Grand Paris dans le cadre de la consultation internationale sur le devenir des autoroutes, du boulevard périphérique et des voies rapides ou structurantes de ce territoire.
Des actions sont prévues d’ici 2024. La plus emblématique est d'abaisser la vitesse à 50 km/h, afin d’améliorer la fluidité du trafic. La ville de Paris veut aussi demander à l’Etat la réduction de la vitesse maximum des axes autoroutiers et des voies rapides qui ceinturent Paris à l’intérieur de l’A86. Les tronçons de l’A1, l’A103, l’A4, l’A6, l’A13, l’A14 qui sont entre l’A86 et Paris "doivent passer à 70 km/h" peut-on lire dans ce rapport ! Et ce document assène bien sûr que cela va réduire la pollution (lire plus haut ce que j'en pense). L'autre proposition-phare est de créer une voie réservée pour les transports en commun, notamment les futures navettes autonomes, le covoiturage, les véhicules propres et les véhicules de secours.
Et ce n'est pas tout. La mission propose d'interdire l’accès au périphérique aux véhicules poids-lourds en transit (poids supérieur à 3,5 tonnes). Et où iront-ils du coup ? Autre idée typiquement bobolâtre : mettre en place des fermetures temporaires du périphérique pour expérimenter de nouveaux usages : fête populaire, week-ends « Périph’ sans voitures », espaces d’expression ou concours d’idées citoyennes pour la transformation du périphérique et de ses abords.
D'ailleurs, l'objectif est qu'à l'horizon 2030, le périph' soit un boulevard que l’on traverse à pied. Ainsi, la mission propose de réduire le nombre de voies du boulevard à 3, dont la voie réservée à certains types de véhicules évoquée ci-dessus, là où il en comporte 4 ou 5. Les voies abandonnées seront quand cela est possible remises en pleine terre. Un peu de verdure : il est proposé de végétaliser le périphérique sur les parois, le terre-plein central et les murs anti-bruit.
Là où les élus parisien rêvent un peu (beaucoup), c'est d'imaginer que des alternatives auront été développées d’ici là (Grand Paris Express, prolongation des lignes de métro, réseau de bus, nouvelles lignes de tramways, mobilités douces, intermodalité, délestage du trafic de poids lourds, transport fluvial et ferroviaire pour la logistique, télétravail, etc.). Quand on voit les retards pour le métro automatique, le CDG Express entre Roissy et la gare de l'Est et les aménagements liés aux JO de 2024, et le manque de crédits en général, ce n'est pas gagné.
Le Paris de 2030 ressemblera encore beaucoup à celui de 2020, avec un peu plus de véhicules électriques et sans doute plus de bouchons...
*France Info a fait un reportage intéressant à ce propos.