C’est donc parti pour l’Airbus des batteries… Paris et Berlin veulent une filière européenne de la batterie pour ne pas laisser le champ libre aux asiatiques. Entre cinq et six milliards d’euros vont être investis au total dans ce projet, avec un financement à la fois de l’Europe et d’acteurs privés. Cet Airbus des batteries va déboucher sur le lancement en France d’une usine pilote comptant 200 emplois au cours des prochains mois, puis de deux usines de production, en France et en Allemagne, susceptibles de créer 1 500 emplois chacune.
Plusieurs entreprises européennes ont d’ores et déjà fait part de leur souhait d’intégrer le futur consortium, dont le groupe PSA et sa filiale Opel et le fabricant français de batteries Saft, qui appartient au groupe Total.
On peut comprendre ce choix, même s'il intervient à mon avis beaucoup trop tard. Obligés d'avancer à marche forcée vers l'électrification, les acteurs de l'automobile veulent capter la valeur ajoutée. Or, dans une voiture électrique, elle vient justement de la batterie. Et tant qu'à faire, les européens veulent tout maîtriser, de l'extraction jusqu'au recyclage, afin de respecter l'éthique et de réduire au maximum l'empreinte énergétique de la filière. Toute la question est de savoir s'il est encore temps de revenir dans la course. Les asiatiques travaillent depuis déjà des années sur les batteries solides.
Ce que l'on peut noter, c'est que Bosch fait le choix de l’hydrogène… C’est une annonce qui peut surprendre, mais l’équipementier allemand – qui est au passage le numéro un mondial du secteur – pense que l’Europe ne pourra pas rattraper le retard sur les cellules de batteries. Il préfère donc miser sur le coup d’après. Bosch a en effet annoncé un partenariat avec le groupe suédois Powercell pour développer des piles à combustible. Les deux partenaires visent la date de 2022. L'objectif est d'abord d'équiper des camions, puis d'appliquer la technologie aux voitures quand les coûts auront diminué et que le prix de l'hydrogène aura lui-même baissé. D'ici 2030, Bosch estime à 20 % la part de l'hydrogène dans le parc mondial de voitures électriques.
On peut rappeler que d'autres acteurs ont aussi fait ce choix, comme Faurecia et Michelin qui ont créée une société commune.
Les deux technologies sont complémentaires. Et elles font toutes deux appel à un moteur électrique (et non un moteur à hydrogène comme je le lis si souvent pour la pile à combustible). Le fait est qu'on a en Europe toutes les compétences pour la filière hydrogène, de l'électrolyseur à la distribution d'hydrogène, en passant bien sûr par la pile et les réservoirs. Et il y a quelques belles pépites françaises comme Symbio et McPhy. Ces sociétés sont déjà sur le marché de la mobilité. Dans le camp de la batterie, Saft n'en est pas encore là.