mercredi 16 avril 2014

Back in the race : à quoi ressemblera le nouveau PSA ?

J'ai assisté lundi à la conférence de presse de PSA au cours de laquelle le nouveau PDG, Carlos Tavares*, a présenté son plan de relance. Ce pilote averti, désormais aux commandes du groupe, veut remettre l'entreprise sur les rails. Il veut faire de PSA un constructeur mondial, dont les racines restent en Europe et en France. Son souci : la rentabilité et canaliser la créativité des ingénieurs.



Sur un plan symbolique, Carlos Tavares avait derrière lui trois véhicules : une DS5, une 308 (normal, elle a été élue Voiture de l'Année) et une C4 Cactus. Cette dernière a été citée comme exemple, en matière de réduction du TCO (le coût total de possession) et de modèle de consommation, avec des formules comme le "pay as you drive", ou le "just add fuel" (tout compris, sauf le carburant).


Le positionnement des marques est clair : DS pour le Premium (berlines et SUV), Peugeot pour le généraliste haut de gamme et Citroën pour les véhicules abordables. L'aspect le plus spectaculaire du plan concerne la réduction du nombre de véhicules, avec un portefeuille qui va passer de 45 à 26 modèles d'ici 2022. Il y en aura à cette échéance 6 DS, 7 Citroën et 12 Peugeot. 2 plateformes pourront gérer 26 silhouettes, sachant que l'objectif est d'investir les segments les plus porteurs et de faire des modèles mondiaux.


Dans le domaine de la technologie, il y a un partage assez clair. Citroën fera dans la technologie utile (comme l'airbag de toit de la Cactus), pas le gadget. Peugeot, dont la montée en gamme a été confirmée, et surtout la griffe DS, auront plus de liberté pour offrir des prestations plus high-tech. La nouvelle plateforme EMP2 permet d’intégrer les aides à la conduite et de se mettre à niveau, par rapport à la concurrence.


Notons au passage que la part dédiée à la R&D et aux coûts de développement (CAPEX) sera de 7 à 8 %. C'est un peu en dessous de la moyenne des généralistes (8 à 10 %), mais PSA pense faire des économies avec les programmes de coopération (GM en Europe, Fiat, Ford, Toyota). De plus, la R&D pourra être externalisée jusqu'à hauteur de 20 % dans des pays à bas coût.


En ce qui concerne les nouveautés techniques, deux annonces sont à retenir. La première est que PSA va faire du vrai 4X4. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour des fournisseurs spécialisés comme Dangel, mais c’est un fait. La traction intégrale est incontournable pour adresser certains marchés, dont par exemple l’Afrique où « Pigeot » veut retrouver ses lettres de noblesse.


L’autre annonce concerne l’hybride. Carlos Tavares a mentionné une chaîne de traction hybride de nouvelle génération, précisant au passage qu’elle serait rechargeable. C’est effectivement dans les tuyaux. D’après mes informations, la stratégie sur l’hybride sera fixée en interne d’ici juillet. Ce sera l’occasion de confirmer ou non le schéma Hybrid4 (qui peut aussi être associé avec des moteurs à essence) et de se prononcer aussi sur la solution Hybrid Air, dont la viabilité dépend de Dongfeng (et d’un éventuel autre partenaire) et sur laquelle les gens de PSA restent assez flous depuis quelque temps.


Et les moteurs ? Le diesel reste bien sûr au catalogue, avec le BlueHDI qui va se déployer au moment de l’entrée en vigueur de la norme Euro 6. Mais, pour un constructeur qui se projette à l’échelle de la planète, les volumes viendront surtout des moteurs à essence. PSA est donc dans le bon tempo avec ses 3 cylindres, atmo ou turbo (PureTech). Pour autant, une page se tourne car le diesel n’aura plus la même importance qu’avant.

*Ce qui est étonnant, c’est que les analystes financiers ont mal réagi à ce plan. Comme quoi il vaut mieux mentir à la bourse et promettre des volumes intenables. On connaît un autre Carlos, apparemment plus écouté, et qui a pourtant dû décaler de 5 ans (une paille !) ses prévisions dans le domaine électrique…