J'étais hier à Versailles-Satory, là où se trouve le siège de VEDECOM, l'organisme qui fait de la recherche en phase amont sur les thèmes de la mobilité décarbonée, connectée et autonome. Cet institut célébrait en effet son cinquième anniversaire. Pour l'anecdote, j'étais là aussi au début puisque j'ai animé à l'époque la conférence de lancement de VEDECOM, qui se déroulait à côté des pistes de Satory. En 2019, on peut mesurer le chemin parcouru avec une expertise reconnue dans le véhicule autonome et les nouvelles mobilités.
Si l'on met de côté le fait que le site est desservi par deux navettes autonomes (Framboise et Litchi), depuis quelques mois, et que les locaux du Mobilab abritent les équipes de Transdev travaillant sur ce type de mobilité, VEDECOM s'est fait connaître en réalisant une voiture autonome sur base de ZOE particulièrement performante. Par ailleurs, l'institut a une approche qui privilégie l'aspect humain avec l'ergonomie, l'acceptabilité et la réglementation. VEDECOM apporte même sa contribution à des ouvrages Si j'ai déjà évoqué le précédent livre de Yann Leriche et de Jean-Pierre Orfeuil sur le véhicule autonome en ville, j'attends avec impatience de lire celui que vient de signer Iolande Vingiano-Viricel, responsable des activités de recherche juridique ("Véhicule autonome : qui est responsable ?").
Toujours à propos du véhicule autonome, on a appris hier que le groupe RATP devenait membre de VEDECOM pour accélérer l'innovation (intelligence de pilotage, supervision, big data et intelligence artificielle) dans le domaine des mobilités autonomes et des routes connectées. Il faut aussi mentionner que l'établissement est impliqué dans la fameuse zone de test de véhicules autonomes à la frontière entre la France, l'Allemagne et le Luxembourg. Et ce, à travers le projet Triica (Test and Resarch on Intelligent Infrastructure for Collaborative autonomous Driving).
Par ailleurs, il y a le projet EVAPS qui se prépare sur Saclay.
La connectivité, c'est aussi l'une des expertises de l'institut. J'ai profité du rendez-vous d'hier pour découvrir la plateforme V2X de VEDECOM. Elle permet de combiner plusieurs types de liaisons sans fil pour s'assurer que les véhicules reçoivent bien les messages de sécurité qui les concernent Ce que m'avait expliqué l'une des expertes, Oyunchimeg Shagdar, c'est que - de la même façon que le véhicule autonome a besoin de plusieurs types de capteurs de perception pour bien voir - la voiture connectée devra utiliser plusieurs technologies de communication pour avoir les données utiles. Cela veut dire du Wi-Fi ITS G5, de la 4G/5G, du satellite et d'autres compléments comme par exemple le Li-Fi à base de signaux optiques.
J'ai assisté à une démo avec des boîtiers simulant des véhicules en circulation et des unités de bord de route délivrant des messages prévenant d'un accident et d'un bouchon.
L'autre intérêt de la journée était de pouvoir discuter avec des thésards. J'ai pu échanger ainsi avec des chercheurs travaillant sur des sujets aussi divers que la mesure du trafic dans une ville par la collecte anonymisée de signaux Bluetooth à partir des voitures connectées que la simulation pour évaluer la rentabilité économique d'un service de transport autonome.
Et puis, il y avait les start-up. Si VEDECOM a invité des jeunes pousses, travaillant ou non avec l'institut (comme Blue Moov, qui a inventé un vélo à assistance électrique carrossé, à trois roues et doté d'airbags !), l'institut favorise également leur création.
Ainsi, il héberge en ce moment Entropy, une société qui propose des données sur le profil des utilisateurs de transports dans les territoires où les opérateurs veulent proposer des services de mobilité. Elle se base sur des enquêtes réalisées sur les ménages et le transport, des données sur le recensement, ainsi que sur des points GPS récoltés auprès de l'opérateur Médiamobile. Ces infos sont moulinées par un algorithme maison. Figurez-vous que les déplacements ne se font pas de façon aléatoire et qu'on peut les mettre en équations.
Le directeur scientifique de VEDECOM m'a expliqué que l'institut donnait un coup de main aux chercheurs pour qu'ils puissent créer leur entreprise, avec la possibilité éventuelle de revenir en cas d'échec. La volonté est de donner le goût d'entreprendre car à Satory on n'a pas honte d'associer recherche et business.