Hier, je me suis rendu à Lyon dans le cadre d'un déplacement sur le thème de la navette autonome. L'objectif était de voir sur place le service de mobilité proposé dans le quartier de Confluence et surtout de découvrir la navette Mia qui dessert sur route ouverte une zone d'activité à Jonage (dans le prolongement du tram qui s'arrête à Meyzieux Z.I). Pour être honnête, je n'ai pas eu de chance car aucune navette ne circulait au moment où je me suis rendu dans ces différents lieux. Mais, j'ai appris pas mal de choses que je vais partager avec vous.
Je me suis d'abord entretenu avec le directeur du marketing de Navya, Nicolas de Crémiers. C'était l'occasion d'évoquer le retour d'expérience de Confluence et d'évoquer l'actualité (loi Pacte, loi d'orientation sur les mobilités). Mon interlocuteur m'a dit qu'on avait dépassé depuis un certain temps déjà le stade du démonstrateur technique. Il faudrait désormais faire une expérimentation de grande ampleur, avec au moins une vingtaine de véhicules, sur un territoire représentatif. Et ce n'est qu'à l'issue du retour d'expérience qu'on devrait intégrer les éléments pour faire une réglementation efficace.
Le fabricant de navettes aimerait également que l'équipement de l'infrastructure soir pris en compte en amont, dans l'aménagement de zones d'activité. Ce sera indispensable d'avoir des feux connectés pour les futurs véhicules autonomes. Mais, dès maintenant, ce sera déjà un facteur de progrès à l'heure où de plus en plus de véhicules deviennent connectés.
Navya essaie aussi de faire passer le message que l'Europe devrait faire en sorte d'accompagner ses entreprises locales pour en faire des champions de classe mondiale. L'entreprise, qui a participé à la récente conférence CAD (Connected and Automated Driving) à Bruxelles, estime que le continent innove souvent mais ne concrétise pas ensuite sur un plan économique
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Nous avons aussi parlé de Lyon, qui est considéré comme un terreau fertile en matière de mobilité. C'est sur ce territoire (où le vélo en partage est apparu avant Paris) que sera testé en principe d'ici la fin de l'année le robot-taxi (Autonom Cab) de Navya. Mais avant cela, il y aura une autre liaison du dernier km. Un projet, impliquant Keolis et le Sytral, prévoit en effet de faire rouler une navette sur 1,2 km dans le prolongement du tramway pour desservir le Groupama Stadium (le stade de foot). C'est pour cet été en principe.
Ma visite du jour portait donc avant tout sur un autre projet, qui lui est en place depuis le 4 mars. Il s'agit de la desserte de la ZAC des Gaulnes. Et le constat est qu'il n'existe pas que les grands groupes de transport public. Si aujourd'hui Keolis et Transdev font parler d'eux, on voit poindre de nouveaux acteurs. Ainsi, c'est un géant du BTP, le groupe Eiffage, qui est à l'origine de la navette Mia à Jonage. La raison est simple : sa filiale Energie Systèmes a implanté son siège régional dans cette ZAC et a vite constaté les problèmes que posait l'absence de transports en commun pour assurer le dernier kilomètre jusqu'à l'entreprise. Vu son expertise dans le domaine de la ville intelligente (fibre optique, éclairage, feux de signalisation), elle a considéré qu'elle était dans son rôle en travaillant sur la mobilité autonome. Elle a donc convaincu l'agglo et des partenaires (Navya pour le fabricant et le transporteur Berthelet) pour mener à bien cette initiative, qui a pris deux ans. L'objectif est de transporter 30 000 personnes par an. Le service est opérationnel jusqu'à fin 2020.
Il est à préciser que la navette communique par radio avec des feux pour avoir la priorité sur les voitures.
Eiffage entend bien capitaliser sur cette expérience pour proposer de l'infrastructure connectée. La société considère que le surcoût est minime par rapport au service rendu. La navette autonome permet en effet de transporter du monde. Et elle peut rabattre ces voyageurs vers le transport public de masse, évitant ainsi aux salariés de la ZAC de prendre leur voiture pour aller travailler. Précisons que le service Mia permet aussi aux employés de RTE et de Veolia (qui ont chacun un campus sur la zone) de se déplacer, moyennant une participation de l'entreprise.
Le directeur régional, Olivier Malaval, n'a pas manqué non plus de vanter les mérites de Lyon, en parlant du soutien des pouvoirs publics (métropole, région) et de la présence d'un écosystème de qualité (IFSTTAR, plateforme Transpolis…).