Dans un récent article du Gorafi, qui m'avait bien fait rire à l'époque, on pouvait lire qu'Anne Hidalgo vouait piétonniser le périphérique. Mais comme souvent, la réalité dépasse la fiction. Dans son nouveau plan Climat, dévoilé en pleine COP23, la mairie de Paris a donc imaginé pas moins de 500 mesures, dont certaines déjà connues, et de nouvelles plus ou moins réalistes.
D'abord, un peu de sémantique. Il est toujours question d'un "Objectif zéro diesel en 2024 et zéro véhicule essence en 2030 à Paris", et non d'une interdiction formelle. La mairie de Paris ne dit d'ailleurs pas comment elle va procéder, ni comment elle pourrait interdire de circuler des véhicules répondant aux dernières normes européennes. L'essentiel est que les médias y croient et relaient l'info sans se poser de question. L'objectif est de réduire de 50 % les émissions de gaz à effet de serre intramuros d'ici 2030.
Si le transfert comme par magie des véhicules thermiques s'opère vers l'électrique, il y aura alors un problème avec une autre de ses mesures : réduire de moitié la consommation d'énergie. Car cela va en demander beaucoup pour recharger les voitures, mais aussi "les transports en commun décarbonés". Traduisez par-là des bus électriques d’ici 2025, comme ceux que la mairie voudrait mettre en service sur les quais hauts rive droite de la Seine, entre les gares et dans le prolongement du tramway T3.
Précisons au passage que la ville souhaite par ailleurs initier le développement de navettes autonomes* insérées dans le réseau de transport collectif routier d’ici à 2024.
Parmi les idées nouvelles, il y a donc la volonté d'étendre la zone de circulation restreinte à l'ensemble de la métropole, c'est à dire toute la région parisienne. Un coup de force ? Non, la "poursuite du travail" avec la métropole. Obligée de composer - pour une fois - avec les élus des villes qui entourent Paris, Anne Hidalgo voudrait "réserver tout ou partie de la voie de gauche du périphérique aux véhicules comptant au minimum deux occupants, en collaboration avec les acteurs métropolitains et les services de l’État".
Paris souhaite aussi "imaginer et préparer la transformation du boulevard périphérique et des autoroutes métropolitaines". Le Parisien en salive d'avance, en ressortant une projection à l'horizon 2050. Un tableau très touchant, avec des voitures qui ont complètement disparu, au profit de marcheurs, de cyclistes et de tramways dans un cadre champêtre.
Ce nouveau Plan Climat sera présenté une première fois au Conseil de Paris des 20, 21 et 22 novembre 2017. Il fera l’objet d’une consultation publique de décembre à février, permettant de recueillir les avis des citoyens mais également ceux de la métropole, de la Région et de l’État. Il sera présenté une seconde fois en Conseil de Paris en mars 2018 pour son adoption finale.
Mais auparavant, Anne Hidalgo aura l'occasion de prendre la parole au Clean Air Forum qui se déroule les 16 et 17 novembre à l'Hôtel de Ville.suite à la présentation du "Paquet mobilité et changement climatique" adopté par la Commission le 8 novembre et du rapport 2017 sur la Qualité de l'Air en Europe de l'Agence européenne de l'environnement.
*Comme si les constructeurs de ces navettes, qui sont présents dans le monde entier, avaient attendu Paris pour y travailler... Aucun d'eux n'a d'ailleurs son siège dans la capitale.