Le timing est presque cocasse. Alors que se tient à Bonn une COP23 où les participants constatent le peu d'avancement par rapport à l'accord de Paris, et que le marché de l'électrique reste toujours aussi confidentiel, l'Europe veut tordre le bras à l'industrie automobile. Elle veut lui imposer une réduction de 30 % des émissions de CO2 d'ici 2030, par rapport aux seuils prévus en 2021, avec une étape intermédiaire de 15 % dès 2025.
Et ce ne sera pas des grammes de laboratoire, mais des émissions calculées selon le nouveau protocole WLTP qui se double de tests sur route. Déjà, c'est un peu costaud car les grammes seront plus compliqués à atteindre. On comprend mieux pourquoi l'ACEA s'est prononcé pour une baisse de 20 % lors du salon de Francfort.
Mais le plus compliqué, ce sera sans doute la proposition choc de proposer 15 % de véhicules zéro émission ou à très basses émissions (moins de 50 g de CO2), et 30 % en 2030. Là, ça paraît vraiment hors de portée, d'autant que les règles s'appliquent aussi bien pour les voitures que pour les utilitaires. L'Europe prend acte que certains pays avancent vite, comme la Chine. Elle souhaite donc rester dans le peloton de tête et demande à l'industrie automobile de faire un effort. Celui-ci est déjà engagé, puisque la plupart des constructeurs ont revu leur roadmap et vont intensifier l'électrification sur tous les fronts (mild hybrid, hybride et hybride rechargeable, sans oublier le 100 % électrique). Le bon côté des choses, c'est que ça va aussi favoriser le développement de la pile à combustible, car pour les véhicules lourds, les batteries ne seront pas adaptées.
Un système de bonus pourra alléger l'addition des grammes de CO2 des constructeurs qui feront mieux que l'objectif affiché. C'est une façon de contourner d'inévitables amendes.
Le prix à payer sera aussi très élevé pour l'Europe. L'effort en matière d'infrastructure est estimé entre 16 et 22 milliards d'euros d'ici 2025.