Suite à un article de Der Spiegel, l'industrie allemande est de nouveau pointée du doigt. Le magazine accuse Volkswagen, BMW, Audi, Porsche et Daimler d'avoir constitué un cartel, en se concertant dans le cadre de groupes de travail secrets, afin de se mettre d'accord sur un certain nombre de points techniques, dont par exemple la taille des réservoirs d'AdBlue (l'additif qui est est combiné avec la catalyse SCR, le système de dépollution le plus efficace pour un moteur Diesel). Les constructeurs allemands auraient volontairement limité sa taille, au détriment de la performance antipollution et dans le but de réaliser des économies. Si tel est le cas, une enquête fera la lumière et les fautifs devront payer. Comme cela a été le cas pour Volkswagen avec l'affaire du logiciel truqué. Mais, sans céder à l'hystérie anti-Diesel et aux accusations gratuites, prenons un peu de hauteur.
Ce que je peux simplement dire, avec ma petite expérience, c'est que trois nations sur la planète automobile se distinguent par leur capacité à faire fi de la concurrence pour faire valoir les intérêts de leur industrie nationale. Il s'agit de l'Allemagne, des Etats-Unis et du Japon. De ce côté-là, les français sont terriblement gaulois et c'est la raison pour laquelle ils se font avoir dans les organismes de standardisation.
Les Allemands savent en effet s'entendre - au bon sens du terme - sur des normes. C'est ainsi qu'ils ont réussi à imposer à l'Europe la fameuse borne de type 2 pour la recharge des véhicules électriques, alors que la France portait une autre technologie. Et c'est elle qui a perdu.
Les mêmes Teutons ont su s'allier pour faire face à la norme japonaise ChaDeMo de recharge rapide pour porter le standard Combo (CCS), qu'ils vont faire évoluer avec des chargeurs à 150 kW pour refaire le plein plus vite des batteries de leurs futurs modèles à hautes performances. Et ils ont su convaincre au passage les américains. L'ingénierie allemande n'est pas un mythe et les constructeurs savent se concerter pour constituer une "Mannschaft", afin d'imposer une technologie que leurs sous-traitants pourront produire.
Sur l'électrique, rappelons au passage que Renault et Nissan n'ont pas les mêmes standards dans l'électrique alors que les deux boîtes sont dirigées par le même taulier. Bon, ça c'est dit.
Le Japon sait aussi très faire bien faire travailler ensemble ses industriels. Les constructeurs travaillent volontiers la main dans la main, que ce soit pour financer et installer des bornes de recharge électriques ou des stations d'hydrogène. Ce n'est pas en France qu'on verrait ça.
L'Amérique a aussi cette démarche. Elle l'a prouvé récemment à travers des coalitions dans le domaine du véhicule autonome ou dans la protection contre la cybersécurité.
Ce qui se produit actuellement en Allemagne va sans doute avoir un impact. Les constructeurs s'en relèveront, mais ils devront se montrer moins arrogants.