Suite à mon passage sur RTL, pour commenter les déclarations de Nicolas Hulot sur la fin de l'essence et du Diesel en 2040, j'ai pu voir sur Twitter des réactions d'auditeurs. Il y a ceux qui n'y croient pas et les militants qui voudraient même que ça arrive plus vite. Ce que je peux dire, c'est que les gens qui connaissent l'automobile et ses contraintes sont tout à fait en phase avec ce que j'ai dit. Oui, l'électrification va s'intensifier. Non, cela ne veut pas dire qu'il n'y aura que des voitures électriques.
Revenons d'abord sur l'annonce de Volvo, qui a semblé donner raison à Nicolas Hulot, car elle intervenait le jour de sa conférence de presse. Qu'a dit le PDG Hakan Samuelsson ? Il a déclaré qu'à compter de 2019, toutes les Volvo embarqueront un moteur électrique. Et il est important de préciser ici que ce moteur sera 100 % électrique pour 5 modèles (prévus entre 2019 et 2021, et dont deux seront en fait des versions sportives préparés par la branche Polestar de Volvo), mais que tout le reste de la gamme sera hybride. En vérité, le constructeur va bien continuer à proposer de l'essence et du Diesel. Sauf que ces moteurs seront couplés à de l'électrique, avec d'une part de l'hybridation légère 48 volts et d'autre part de l'hybride rechargeable.
Rappelons que Volvo fait déjà de l'hybride plug in, avec la V60 (où l'électrique est couplé avec un Diesel), ainsi que la XC60 et la XC90 (où le moteur est à essence). L'offre plug in permet officiellement d'abaisser la consommation à 2L/100 km (pour 49 g de CO2 par km), mais il ne faut pas être dupe. Quand il n'y a plus de jus dans la batterie, rappelons que la voiture développe 407 ch en essence et 220 en Diesel. Ces petits bijoux technologiques sont par ailleurs vendus entre 58 000 et 80 000 €.
Il sera bien plus abordable de rouler en Volvo, avec un moteur électrique plus petit et un réseau de bord 48 volts. Cette solution, que commencent à déployer les constructeurs allemands et que vont adopter d'autres acteurs du Premium (Jaguar Land Rover) va permettre de réduire de 15 % les émissions de CO2. Et dans certains cas, elle apporte un plus comme le décollage en mode électrique, en plus du mode roue libre.
C'est une solution que des constructeurs plus généralistes vont aussi adopter, à l'image de Renault avec un Diesel et de PSA un peu plus tard. Le 48 v sera selon les marques intégré avant 2020, ou en vue des échéances futures de 2025.
En vérité, il n'y a pas une solution unique, mais une variété de combinaisons qui vont s'appliquer. Pour faire court, il y aura : des moteurs classiques (et prochainement à taux de compression variable) avec du 48 v, du full hybride (comme chez Toyota), de l'hybride rechargeable et du 100 % électrique (à batterie et à pile à combustible). A cela vont s'ajouter des motorisations bicarburation (gaz naturel, GPL), des carburants synthétiques (à base d'algues ou de CO2) et peut-être même d'autres solutions.
Je me souviens ainsi d'une visite en 2013 à Vélizy chez PSA, où il avait été question d'un véhicule alimenté par des particules métalliques en prévision de 2030. Les chercheurs imaginaient de faire appel à de l'aluminium, du magnésium ou encore du fer. Les particules seraient stockées sous forme purement solides, dans une espèce de boite. Soit, elles seraient diluées dans un liquide (solution plus pratique pour conserver le rôle du réservoir).
L'avenir prévisible se situant à 10 ans, personne ne sait vraiment ce qui se passera en 2040. Pour autant, avec des approches complémentaires comme le film solaire qui récupère l'énergie et permet de faire tourner ponctuellement des équipements électriques, la récupération d'énergie à l'échappement et même la conversion des vibrations en énergie électrique, il existe encore plein de possibilités pour continuer à proposer des moteurs thermiques.
La bonne nouvelle est que les voitures de demain consommeront moins et pollueront moins. La mauvaise, pour les fans de l'électrique à batterie, est que le bilan global du puits à la roue n'est pas si vertueux, est que la généralisation du zéro émission n'est pas sans poser des problèmes (alimentation en énergie, problème du temps de charge et des appels de puissance sur le réseau, gestion des métaux rares et du recyclage).
Pour toutes ces raisons, il est donc bien présomptueux d'avancer 2040 la fin de l'essence et du Diesel.