Hier, en communiquant les chiffres du marché français, le CCFA a révélé au passage que le Diesel était passé sous la barre des 50 %. Une première depuis l'an 2000. Il est vrai que la part du "mazout" a été de 47,9 % en janvier, contre 52 % en 2016. Depuis 2012, date du pic à 73 %, il a ensuite connu une baisse régulière, perdant plusieurs points chaque année. Est-ce que cela signifie pour autant que l'essence est repassée devant ? Pas encore, car l'essence est à 46,3 % (sauf si on ajoute le chiffre des hybrides). Le Diesel conserve donc un léger avantage, qu'il va probablement perdre dans les mois qui viennent.
C'est évidemment un événement, car le CCFA n'avait prédit ce rééquilibrage à 50/50 qu'en 2020. Il arrive donc avec trois ans d'avance. Les experts l'anticipaient en raison du renchérissement du coût de la dépollution, qui fait que l'offre en Diesel du segment B n'est plus proposée sur certains modèles, pour une simple raison économique. Il est vrai par ailleurs que les progrès des moteurs à essence justifiaient aussi ce choix.
Ce que l'on peut dire, c'est que cette dégringolade est le résultat d'un pilonnage constant entrepris depuis la mi 2012. Tout a commencé par la fameuse étude OMS (qui n'a pourtant rien à voir avec l'automobile), avant d'enchaîner avec le quasi-lynchage de PSA (qui à l'époque fermait l'usine d'Aulnay), coupable d'avoir choisi une mauvaise stratégie, et il y a eu surtout toute une série de déclarations de politiques et de mesures contradictoires de la part des gouvernements (bonus malus qui a propulsé le diesel au firmament, puis virage à 180 degrés). Les mesures d'interdiction progressive de la ville de Paris et surtout le Dieselgate ont été les véritables déclencheurs.
A ce propos, on peut comprendre que ceux qui achètent leur voiture aujourd'hui s'interrogent sur la valeur de revente dans 5 ans et optent pour l'essence. Ce qui contribue d'ailleurs à désorganiser le marché du VO, car les vendeurs ont beaucoup de Diesel à vendre et peu d'offre en essence. Après, on peut se demander si les consommateurs réfléchissent plus (en optant pour une motorisation mieux adaptée à leur usage), ou s'il s'agit d'un effet mouton de Panurge ? Le fait est que les courbes se sont inversées. Sauf en entreprise, où les choses ne vont pas changer du jour au lendemain, même si la TVA devient récupérable sur l'essence. J'ai échangé avec l'OVE à ce propos il y a une semaine.
Par contre, les ennemis du Diesel ont échoué sur un point : ils pensaient transférer la demande vers l'électrique. Et ce n'est pas du tout ce que qui se passe, avec une part toujours très faible du VE en France (même si le 1,46 % de janvier est un record), et une réorientation des immats vers l'essence et de façon marginale vers l'hybride. Les autres énergies (FlexFuel, GL, GNV) affichent un encéphalogramme plat.
Avec le recul, si le Diesel continue de chuter à ce rythme, on se rendra peut-être compte que les émissions de CO2 diminuent moins vite. Il se posera par ailleurs le problème des particules pour les modèles essence à injection directe qui sont encensés aujourd'hui et qui seront peut-être vilipendés demain.