Alors que la Sécurité Routière en France se contente de campagnes dissuadant d'utiliser son téléphone au volant, et que divers organismes* ou fondations agitent des études pour essayer de faire le lien avec les statistiques routières, la National Highway Traffic Safety Administration va plus loin. Confrontée à de mauvais chiffres**, elle préfère se tourner vers les industriels pour essayer de trouver des solutions techniques.
Ainsi, la NHTSA vient récemment d'énoncer des recommandations visent à réduire la distraction engendrée par les écrans tactiles installés dans les véhicules et les téléphones ou autres terminaux mobiles multifonction que les conducteurs utilisent lorsqu’ils sont au volant. Mais, elle invite surtout les fabricants d’équipements et les développeurs d’applications, parmi lesquels Google et Apple, à concevoir des téléphones et terminaux mobiles qui puissent être connectés aux systèmes embarqués afin de faciliter l’usage de l’appareil en mode mains libres.
Elle recommande également de désactiver certaines fonctions du téléphone (comme la rédaction de SMS, la navigation sur internet...) lorsqu’il est connecté au véhicule, ou à défaut de proposer un « mode conducteur » qui limite les fonctions même lorsque l’appareil n’est pas relié au système d’infodivertissement ou de navigation du véhicule.
Ce n'est pas en France qu'on verrait cela. Et pourtant, des solutions existent. Les interfaces CarPlay, Android Auto et MirrorLink permettent justement de relier son smartphone et au véhicule et de faire un certain nombre de choses (lancer un appel, dicter un SMS, activer la navigation GPS) sans toucher à son mobile et simplement à la voix. Et pour les fameux "experts" en sécurité, précisons que ces interfaces empêchent justement d'accéder aux applications incompatibles avec la conduite.
Aucune campagne de prévention ne fait référence à ces solutions. Comme si on ignorait délibérément que ces progrès techniques sont en train de se généraliser sur les véhicules neufs et que l'intégration du smartphone est une réalité sur le marché depuis déjà 10 ans. Pourtant, informer le public que des dispositifs existent serait une bonne chose.
Personne ne peut nier que les conducteurs sont tentés de lire leurs mails et leurs SMS, en particulier dans les bouchons. Et ils le feront probablement beaucoup plus quand les véhicules seront autonomes. C'est une tendance de fond et on ne reviendra pas en arrière. La NHTSA a au moins le mérite de rechercher des solutions, alors qu'on doit supporter de ce côté-ci de l'Atlantique à un discours bien rôdé qui ne résout en rien le problème.
*Exemple, l'ASFA pour qui il y 4 fois plus d’accidents mortels liés à l’inattention depuis 2010. Ce facteur, qui représentait environ 4 % des accidents mortels avant 2010, a vu sa proportion grimper à 17 % des accidents mortels en 2015. Pour l'ASFA, la cause "semble" être l'utilisation croissante des smartphones au volant, (ainsi que le GPS) tant sur des trajets privés que professionnels. Pour autant, le nombre de morts a été divisé par deux depuis 2002 alors même que le nombre de kilomètres parcourus augmentait de 37 %.
**Pour information, le nombre de décès sur les routes américaines a augmenté de 7,7 % en 2015 et de 10,4 % au premier semestre, selon les estimations de la NHTSA. L’agence américaine indique que 10 % des accidents mortels l’an dernier impliquaient au moins un conducteur distrait.