Hier, j'étais à Paris pour animer le meeting du consortium GENIVI. Pour ceux qui l'ignorent, l'organisation a été mise en place en 2009 à l'initiative de BMW et Intel pour faciliter l'intégration de l'infotainment à bord des véhicules. On pourrait qualifier la technologie GENIVI de boîte à outils. C’est un ensemble de modules logiciels open source qui fonctionnent ensemble et que le constructeur peut enrichir selon ses souhaits, avec sa propre interface homme-machine.
La brique de base repose sur le système d’exploitation Linux. L’intérêt de la solution GENIVI est de garantir une qualité et une fiabilité indispensables dans l’univers automobile, ainsi qu’une baisse des coûts en raison des possibilités de réutilisation des modules logiciels
La technologie du consortium GENIVI s’applique à l’un des 4 grands calculateurs que l’on retrouve à bord d’une voiture : celui de la « head unit » qui pilote les fonctions liées au système multimédia. C’est le point de passage obligé entre le véhicule et le monde extérieur, car il gère les communications que ce soit via un modem embarqué ou via le smartphone du conducteur. Le calculateur head unit sera aussi appelé à traiter les mises à jour OTA (over the air) pour faire évoluer les logiciels à bord.
Les premières applications sont déjà sorties sur le marché. On peut citer par exemple le système de navigation de la BMW i3 (qui depuis s’est décliné sur la Mini et la Série 1). Il y a eu aussi des produits installés chez Hyundai, Jaguar Land Rover, Suzuki, ou encore Volvo. Plus récemment, le groupe PSA a intégré une première brique de GENIVI au sein de la navigation connectée de la DS5. Ce GPS combine à la fois les services de TomTom et une reconnaissance vocale intégrée qui facilite la saisie des adresses
Le groupe PSA a suivi cette initiative dès le démarrage et s’est investi à la tête de l’organisation. A noter que le patron de DS, Yves Bonnefont, et par ailleurs membre du board de PSA en charge du développement des produits connectés, a dévoilé à la conférence de nouveaux services prévus pour 2018 (interaction entre le véhicule et le smartphone, livraisons dans le coffre au moyen de clés électroniques).
Renault, qui fait partie de GENIVI depuis 2010, a annoncé en 2015 qu’il travaillait avec son allié Nissan sur des développements utilisant GENIVI pour les futurs systèmes d’infotainment (le R-Link de 3ème génération), en partenariat avec Bosch.
Chez les équipementiers, Actia et Valeo via sa filiale peiker font partie des membres. On retrouve aussi Arkamys, le spécialiste du traitement du son 3D.
A l’heure où plusieurs standards sont en concurrence dans le domaine de la voiture connectée, avec CarPlay, Android Auto et MirrorLink, GENIVI fait le lien entre l’embarqué et le mobile. La technologie permet d’accueillir les interfaces mises en place par les géants de la téléphonie dans les systèmes de bord.
Le consortium travaille par ailleurs sur l’accès à distance des données du véhicule (Remote Vehicle Interaction), qu’il souhaite simplifier et sécuriser. L’objectif est de pouvoir rendre compatible le dialogue entre le véhicule et un objet connecté (montre, smartphone, ordinateur), indépendamment des protocoles de communication* et des réseaux embarqués (CAN, MOST, Ethernet). GENIVI s’ouvre également à l’Internet des objets et la maison connectée.
La tendance est toutefois à l’embarqué dans la perspective des futurs véhicules autonomes. Ces derniers seront dotés de moyens de communication avec l’infrastructure et feront appel à des cartes HD de navigation plus détaillées que celles des smartphones. A noter que GENIVI a aussi une coopération avec le consortium AUTOSAR qui vise quant à lui la standardisation des composants logiciels pour réduire la complexité de l’électronique embarquée.
*GENIVI a par exemple une coopération avec le consortium W3C (World Wide Web Consortium) qui garantit la compatibilité du langage HTML dérivé de l’Internet.
Dans le petit monde de l’open source, d’aucuns avaient pu s’étonner de voir Toyota susciter en 2012 la création d’un autre consortium sur l’open source baptisé AGL (Automotive Grade Linux). Ce groupement a été vu comme un concurrent, d’autant qu’il avait choisi une autre solution technique basée sur le système d’exploitation Tizen, mis au point par Samsung. Mais, il y a une collaboration entre GENIVI et AGL, ainsi que des projets communs comme Media Manager. Jaguar Land Rover et Nissan appartiennent par ailleurs aux deux organisations, tout comme certains équipementiers (Continental, Denso, Harman, Pioneer…).
Le meeting à Paris a été riche en contenu
Parmi les thèmes abordés : les défis techniques liés aux services connectés, embarqué vs mobile, la roadmap jusqu’en 2025, comment se prémunir du cyberpiratage, ou encore la stratégie de PSA dans le véhicule connecté. La journée s'est terminée sur une table ronde sur les défis de la connectivité dans un monde tiré par les logiciels.
Par la suite, les participants du meeting GENIVI ont pu découvrir sur une borne la nouvelle navigation connectée de la DS5, ainsi que deux véhicules de Jaguar Land Rover (le F-Pace avec un système multimédia de série, un Land Rover avec un prototype de système d’infotainment capable de transmettre des données à distance sur le type de musique écouté par les conducteurs.
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