vendredi 22 avril 2016

France Stratégie se penche sur le véhicule autonome

Sous le titre "La voiture sans chauffeur, bientôt une réalité", France Stratégie publie une note d'analyse qui me paraît plus inspirée que celle sur l'hydrogène, qui remonte à 2014 et qui avait créé une polémique. Les trois auteurs (une experte des mobilités, un économiste et un ingénieur en télécoms) évoquent ce type de véhicule comme un nouvel objet numérique qui pourrait à la fois modifier la chaîne de valeur de la filière automobile, susciter de nouveaux modèles économiques et transformer radicalement nos habitudes de mobilité.


Rappelons d'abord que France Stratégie est un organisme de veille qui dépend du Premier Ministre. Il n'est pas non plus inutile de souligner que le véhicule autonome fait l'objet d'un plan spécifique, issu de l'ex Nouvelle France Industrielle et intégré dans la thématique mobilité écologique. Et qui n'est d'ailleurs nullement évoqué. C'est pour cela que les auteurs auraient pu à mon avis prendre autre chose qu'une photo de la Google Car (en plus, c'est une Lexus d'ancienne génération).


Signalons aussi une erreur grossière qui est de dire que les constructeurs coopèrent avec Apple et Google "pour concevoir un système d’exploitation permettant à la fois de conduire le véhicule en mode autonome et de bénéficier en prime des nombreuses fonctionnalités off ertes par ces entreprises et leurs partenaires". C'est faux ! Le logiciel qui pilote les assistances à la conduite n'a rien à voir avec l'intégration des smartphones. Passons.


Que dit ce rapport ? D’abord, il ne s’attache pas uniquement à la technologie. Il écrit que le véhicule autonome doit aussi se lire comme une manifestation de la transition numérique à l’œuvre dans les transports, un peu comme le téléphone mobile l’a été pour la communication. Cette approche est assez juste, car il faut voir davantage l'automatisation comme un levier, autorisant par exemple des navettes autonomes* ou encore de futurs taxis sans chauffeur.


Mais encore ? France Stratégie évoque en fait deux scénarios. Dans le premier, le déploiement est très progressif à partir de 2040 et qui s'étend sur 30 ans. Et puis il y a le second, qui est un scénario de rupture où, dès 2020, des véhicules qui ne sont pas encore autonomes mais peuvent le devenir par simple mise à jour logicielle accélèrent la période d’apprentissage et entraînent un déploiement rapide à partir de 2025, avec un taux de 100 % dès 2042. Le rapport met en avant le cas de Tesla, dont le système Auto Pilot peut s'enrichir il est vrai de mises à jour. Un concept que les autres constructeurs vont aussi proposer.


Je souscris plutôt au second scénario. Quand on voit la montée en puissance du numérique, il est clair que l’automobile va plus changer en 5 ans que lors des 20 dernières années. Je regrette simplement que les auteurs n'aient pas plus mis en avant le savoir-faire des industriels français qui, avec plusieurs milliers de km de roulage sur route réelle (notamment PSA et Valeo), nous montrent bien qu'ils sont dans le coup.


Sur les gains, il est écrit que "le véhicule autonome peut signifier une baisse des externalités négatives tels la pollution, les embouteillages et les accidents routiers". Mais, ce point est contrebalancé par "de nouvelles formes d’insécurité : conflits de véhicules autonomes entre eux ou avec des voitures traditionnelles, cohabitation à risque avec les piétons et les cyclistes, défaillances liées aux changements de mode de conduite, cyberdéfaillance, cybermalveillance".

Aïe aïe aïe : cela veut donc dire que nous devrons encore entendre Chantal Perrichon, même avec des véhicules plus sûrs.

*Le rapport semble ne pas connaître la navette Arma de Navya, qui est produite en série et commence à être déployée chez des clients.