Non, je ne faisais pas partie des geeks qui se sont réveillés de bon matin hier pour voir Elon tout puissant révéler les lignes de la Model 3. D'abord parce que je trouve cela ridicule, et ensuite parce que toutes les infos étaient finalement connues depuis la veille. Malgré tout il faut bien reconnaître que Tesla a réussi son coup avec 115 000 personnes qui ont décidé de réserver l'auto avec un acompte de 1000 $. Et tout cela pour un modèle dont on ne connaît pas tous les détails...
Que sait-on au juste de la Model 3 ? Le modèle compact de Tesla, qui emprunte à la fois à la Model S et à la Model X pour son look, est annoncé avec une autonomie de 215 miles (350 km). Pas mal, mais d'un niveau comparable à la Chevrolet Bolt (qui se déclinera en Europe sous le nom e-Ampera). On peut aussi avancer que Nissan et Renault feront aussi bien à partir de 2017, avec les versions augmentées de la Leaf et de la ZOE avec de nouvelles batteries.
Par contre, la Model 3 proposera également en série le système Auto Pilot, ce qui en fera un véhicule semi-autonome, avec gestion des distances sur autoroute, changement de file et voiturier automatique. Pour le coup, on sent bien que la cible de Tesla est plutôt la i3 de BMW.
Naturellement, la voiture reprendra ce qui a fait le succès de la Model S (et de la X), à savoir les applications et les mises à jour de logiciels.
Le nouveau modèle bénéficiera aussi du réseau de Super Chargeurs. 300 nouveaux sites viendront s’ajouter cette année aux 600 stations constituant le réseau déjà en place, aux USA, comme en Europe et en Asie.
Par ailleurs, Tesla poursuit l’extension de son réseau de vente et de service constitué aujourd’hui de 200 succursales. 80 nouveaux sites ouvriront en 2016.
La vraie question, c'est pourquoi Tesla décide de communiquer si tôt par rapport à une voiture qui ne sera produite que fin 2017 aux USA et qu'on ne verra au plus tôt qu'en 2018 en Europe ? Je pense que c'est un effet d'annonce par rapport à la concurrence des constructeurs généralistes.
C'est aussi une façon de faire un peu de teasing par rapport à la Gigafactory, l'usine géante de batteries qui verra le jour en 2017 dans le Nevada, en partenariat avec Panasonic. Tesla pourra ainsi produire plus de batteries, moins chères, pour répondre à la demande future de véhicules électriques. Une fois à pleine capacité, en 2020, la Gigafactory produira l’équivalent de la production mondiale de batteries lithium-ion en 2013.
L’objectif de Tesla de produire 500 000 véhicules à horizon 2020 signifie que la production devra être multipliée par 10. La marque a déjà relevé un challenge de cet ampleur par le passé grâce à la Tesla Factory, située à Fremont, en Californie. C'est l’une des usines les plus innovantes et automatisées du monde. En 2012, Tesla ne produisait qu’au rythme de 3 100 véhicules par an. L’année dernière, 16 fois plus de Model S et de Model X sont sortis de son usine, soit plus de 50 000 véhicules. En tout, la marque cumule plus de 100 000 exemplaires vendus.
Voilà de quoi énerver Carlos Ghosn. Non seulement Tesla risque de dépasser l'Alliance Renault-Nissan (c'est déjà le cas pour Renault avec plus de 100 000 véhicules) en volumes, mais la marque d'Elon Musk incarne aux yeux du public et des médias l'innovation. Et c'est mérité.