Vu de France, le diesel est une aberration que PSA et Renault devraient arrêter de produire, l'Etat actionnaire devant obliger ces industriels à ne faire que des voitures électriques pour devenir les leaders mondiaux d'un marché qui pèse 0,08 % des immats au niveau de la planète. Voici en résumé la pensée de nos politiques (et pas que les Verts*), qui maîtrisent l'économie et connaissent tellement bien l'automobile. Maintenant, si l'on raisonne au niveau du monde, cela ne se passe pas exactement comme l'entendent ceux qui parlent dans les médias.
Selon l'étude annuelle que réalise KPMG auprès des décideurs de l'automobile (800 dirigeants de 38 pays), qui eux évoluent dans le monde réel et rendent compte à des actionnaires, on s'aperçoit que le diesel compte beaucoup et que les pollueurs ne sont pas forcément ceux que l'on croit.
Ainsi, le rapport "Global Automotive Executive Survey 2016" nous apprend que, si Volkswagen reste le plus gros producteur de moteurs diesel au monde, avec près de 30 millions d'unités sur la période 2010-2020, ce n'est pas celui qui en pourcentage privilégie le plus cette motorisation dans son offre. La part du mazout n'est que de 26 % chez VW.
A titre d'information, elle est de 22 % chez Renault-Nissan qui est le deuxième plus gros producteur de diesel au monde (avec plus de 20 millions de moteurs sur la même période), loin devant PSA** (15 millions de moteurs), qui est au même niveau que Ford et Hyundai.
Si l'on raisonne en pourcentage, le plus diesélisé des constructeurs est Tata avec 65 % des moteurs alimentés au gazole. Rappelons que ce groupe détient Jaguar et Land Rover. Le deuxième est Daimler avec 41 % de moteurs diesel, le podium étant complété par PSA (39 %). Viennent ensuite BMW (35 %), Geely (propriétaire de Volvo, avec 24 %), Ford (23 %). Les autres constructeurs sont à moins de 20 %. A part Hyundai (19 %) et Suzuki (17 %), les constructeurs asiatiques produisent peu de moteurs diesel (12 % pour Toyota et Mazda, 3 % pour Honda). Même chose pour les américains, avec GM qui plafonne à 10 %.
Ce que j'en retiens : malgré le scandale Volkswagen et les accusations récurrentes de tricherie, qu'entretiennent avec délices les médias, ainsi que le couple Cosse-Baupin chez EELV, les industriels de l'automobile considèrent toujours le diesel comme un pivot essentiel de leur stratégie pour 2020 et au-delà.
Voilà qui va faire de la peine à Elise Lucet.
*Sur i-Télé, toujours aussi originale pour le choix de ses invités, Emmanuelle Cosse d'EELV a déroulé sa science, par rapport à l'affaire Renault - en déclarant sans rire qu'il fallait faire des voitures électriques comme Toshiba. Mais, j'ai entendu aussi Thierry Solère de LR dire qu'il fallait mettre le paquet sur l'électrique. Comme si les gouvernements successifs n'avaient pas investi des millions, pour ne pas dire des milliards, avec l'éclatant résultat qu'on connaît.
**Lequel fait plus de moteurs à essence que BMW et Mercedes.