Les blogs spécialisés dans la voiture électrique sont contents : le marché France a terminé en 2015 autour de 20 000 exemplaires (17 266 selon le CCFA) et continue à progresser. Et comme le gouvernement continue à soutenir et surtout subventionner (très très) généreusement le VE, avec un superbonus qui atteint 10 000 €, il n'y a aucune raison que ça s'arrête. Il est vrai que le contexte est plutôt porteur, avec une infrastructure qui se développe, et des annonces de la part de certains constructeurs (Ford, groupe Volkswagen) qui donnent une certaine visibilité au secteur. Mais, cela ne veut pas dire pour autant que la France va en tirer parti.
Si le véhicule électrique arrive péniblement chez nous à 1 %, ce qui est quand même moins que prévu*, quoi qu'on en dise, c'est surtout grâce aux subventions. Et elles ne sont pas éternelles. Les constructeurs le savent bien et redoutent le moment où le robinet va se couper. Ce que l'on peut observer, c'est que, la Norvège mise à part, aucun pays ne manifeste une très grande envie de véhicule électrique. C'est faiblard en Allemagne et dans la plupart des pays européens. Même scénario aux USA, où la part de marché de l'électrique n'est que de 0,4 %, avec une domination de Tesla qui fait la moitié des immats. La Leaf, la BMW i3 et la e-Golf y font des beaux scores. Au Japon, les ventes sont même en train de reculer.
L'exception est la Chine, où les niveaux très élevés de pollution vont amplifier la demande. Ce pays constitue un débouché très intéressant pour les constructeurs, y compris pour... Renault qui va pouvoir y recycler sa légendaire Fluence ZE (pardon, Samsung SM3 ZE qui va être rebadgée Dongfeng courant 2016).
Bon alors, quels nouveaux produits pour 2016 ? On suivra avec attention la présentation de la Chevrolet Bolt, avec ses 300 km d'autonomie, au salon de Detroit. Mais, cette marque n'est plus importée en France. Si l'on met à part la e-Méhari, qui n'est qu'une Bolloré Bluesummer rhabillé par Citroën, et prévue pour le printemps, l'autre événement est la sortie cette année de la nouvelle Smart électrique (Fortwo ED), avec le même moteur électrique que celui de la ZOE. Tesla va pour sa part proposer en France la Model X, dont les premiers exemplaires sont en vente aux USA. Le véhicule aux portes "Faucon" n'arrivera au plus tôt qu'au second semestre 2016.
J'ai peur que ce ne soit tout, car certains produits présentés cette année (Microvan VW et concept de Faraday Future au CES de Las Vegas, Tesla Model 3) ne seront pas lancés en série avant un, deux ou trois ans.
Il faudra en vérité attendre 2017 pour un véritable renouveau, avec l'arrivée de la remplaçante de la Leaf et une nouvelle batterie pour la ZOE, toutes deux voyant leur autonomie à cette date portée à 300 km. C'est surtout en prévision de 2020 qu'un certain nombre d'acteurs, dont Audi, Volkswagen, Porsche, mais aussi Aston Martin, Volvo, Hyundai et PSA, vont sortir des nouveautés. Le ballet commencera à partir de 2018.
D'ici la fin de la décennie, l'offre sera plus intéressante avec des véhicules plus performants et des batteries probablement moins chères. Mais, la concurrence sera plus rude. Et il n'est pas dit que l'industrie automobile française soit en position de force à ce moment là.
*J'ai retrouvé une prévision de 2010, qui tablait sur 200 000 voitures électriques chez Renautt en 2016. Vous vous souvenez peut-être de l'objectif d'1,5 million de VE pour l'alliance Renault-Nissan en 2016, fixé en 2011 dans le cadre du plan Drive the Change, et que Carlos Ghosn a décalé de 5 ans.
Je note également que le plan Montebourg pour le véhicule électrique, annoncé en 2012, tablait sur 27 000 VE en 2013. Un chiffre toujours pas atteint.