La nouvelle marque du constructeur bavarois est lancée à un moment qui n’est pas forcément le plus propice, le démarrage du véhicule électrique étant bien plus lent que prévu. Mais, pour BMW, qui aurait investi au moins 2 milliards d’euros dans l’électromobilité, ce passage était obligé. Et les efforts consentis en matière de construction allégée et dans la filière des composants électriques vont bénéficier aussi aux autres véhicules de la gamme, hybrides et thermiques.
Comme me l’a expliqué Manuel Sattig, le chef de projet BMW i, en marge de la présentation de la i3 à Londres, la démarche globale en faveur du développement durable a été initiée dès le début. La nouvelle marque a investi pour offrir le véhicule le plus écologique possible, de la conception jusqu’à son recyclage, et en intégrant les énergies renouvelables. BMW i a pu se développer comme une entreprise à part entière, avec un design qui lui est propre, mais en s’appuyant sur les ressources et le savoir-faire des ingénieurs maison.
C’est ainsi que la marque a pu solliciter l’expertise des motoristes pour la chaîne de traction électrique. Mais, elle a pu aussi capitaliser sur la filière mise en place autour du PFRC (le plastique renforcé par de la fibre de carbone) qui, avec la i3, est utilisé de façon systématique et à grande échelle alors qu’il se cantonnait à des modèles ultrasportifs ou très haut de gamme. La production en plus grande série de PFRC va contribuer à faire baisser les prix et à rendre le matériau plus abordable pour les autres véhicules de la gamme BMW, qui pourront ainsi l’utiliser pour l’allègement et la réduction des émissions de CO2.
En ce qui concerne l’expertise dans les batteries et les composants électriques, la connaissance de l’hybride a permis d’aller plus vite. Inversement, le savoir-faire de BMW i rejaillira au niveau de l’électrification de la gamme classique. On le voit, la démarche est vertueuse.
A ce stade, BMW i ne livre pas de pronostics pour le marché, même si la marque pense faire davantage de volumes en Californie par exemple. Sa chance est d’avoir une présence mondiale et une image positive. Le développement de l’électrique dépend de l’infrastructure de charge et le range extender est là pour palier ce manque. Les efforts faits par d’autres, à l'image de Bolloré pour Autolib', ou des constructeurs comme Renault et Nissan par exemple, bénéficieront à tout le monde, dont BMW. Mais dans cette affaire, j’ai le sentiment d’assister à une version moderne de la fable de La Fontaine, le lièvre et la tortue. La marque bavaroise a pris son temps pour avancer ses pions et mettre en place une stratégie globale. Il ne servait à rien d’être le premier.
Quoi qu’il en soit, le deuxième véhicule est sur la rampe de lancement. La i8, qui est le modèle hybride rechargeable, sortira mi 2014. Nous avons appris à Londres que le modèle définitif sera encore plus beau que le concept et que les performances de son moteur (un trois cylindres 1,5 L à double turbo), tout comme ses émissions d'ailleurs, seront étonnantes. Et pour la suite ? Ca dépendra des opportunités et de l’accueil réservé aux deux premiers modèles.