mercredi 14 août 2013

Réflexions sur l'incompétence à la française : la voiture connectée

Voici le troisième volet de mes réflexions sur cette pauvre France et ses pouvoirs publics qui semblent, au nom d'une certaine idée de la sécurité routière, dépenser une énergie sans précédent sur les faux problèmes. Nous allons donc parler du téléphone mobile ou plutôt du smartphone. Loin de moi l'idée de nier le danger que peut représenter une conversation téléphonique au volant, même avec un kit mains-libres. Simplement, on en fait beaucoup trop sur ce sujet. Et en plus on ment* quand on dit qu'un accident mortel sur dix est attribué au téléphone en conduisant.




Plutôt que de vouloir réprimer et instaurer des lois inapplicables, pourquoi ne pas profiter de la connectivité des mobiles pour faire remonter des données en temps réel et venir ainsi en aide aux automobilistes pour le trafic et les points noirs ?


Bon, en fait cela existe déjà. Ce travail est déjà fait par les avertisseur de zones dangereuses qu'une certaine association a failli faire interdire. Puis, le ministère de l'Intérieur s'est rendu compte que ces appareils électroniques permettaient de signaler réellement des dangers et qu'une large communauté pouvait le faire en temps réel. Mieux même, Coyote a montré avec son système de prévention de la somnolence, développé sur sa dernière génération de produits, qu'il  pouvait jouer un rôle actif pour réduire le nombre d'accidents.


Et pendant que des ayatollahs essaient de faire interdire les kits mains-libres, avec pour ambition assez folle de faire disparaître les mobiles des habitacles, on assiste à une montée en puissance des services connectés. L'idée est de passer par une carte SIM (intégrée dans le tableau de bord, dans une clé 3 G ou celle du mobile du conducteur qui est alors relié en Bluetooth au terminal) pour aller chercher sur Internet les infos utiles (trafic, météo). De ce côté là, les constructeurs français sont dans le bon timing. Peugeot (208 et bientôt 308) et Citroën (C4 Picasso) ont une offre, de même que Renault qui, avec le système R-Link, a démocratisé la voiture connectée à pratiquement toute la gamme.


La Sécurité Routière n'a rien trouvé (pour le moment) à redire. Il faut dire que les constructeurs font en sorte de proposer des applications qui ne nécessitent pas de manipulation en roulant.


Il est même un domaine où les constructeurs français ont pris de l'avance, c'est celui de l'appel d'urgence. PSA a ainsi équipé plus d'un million de véhicules de sa solution (Peugeot Connect, Citroën eTouch) en Europe. En cas d'accident, un système embarqué compose un numéro d'urgence et envoie à une plateforme les coordonnées GPS du véhicule. Le constructeur anticipe la mise en place de l'appel d'urgence localisé qui devrait intervenir en 2015.


Par contre, on n'est pas très en avance sur le Car2X (dialogue avec d'autres véhicules et l'infrastructure). Alors que Francfort a accueilli pendant plusieurs mois 120 véhicules connectés, dans le cadre du projet SIM TD avec des essais grandeur nature, on n'entend pas trop parler de ce sujet en France. Il existe pourtant le projet Score@F, auquel participent Renault, PSA et l'IFSTTAR. Les tests se déroulent à Versailles-Satory, ainsi que sur l'autoroute A10 à Orléans, où on teste l'envoi et la réception de messages (véhicule en panne, animaux sur la chaussée, appel d'urgence). Il me semble pourtant que la voiture connectée avec son environnement est un facteur essentiel pour réduire le nombre d'accidents.

La prochaine fois, on parlera de la pollution.

* Ce gros mensonge a été relevé par l'association 40 millions d'automobilistes, qui explique qu'un premier chiffre a été calculé à partir d’une synthèse d’études internationales. A la base, c'était 1 accident sur 10. Puis, c'est devenu 1 accident mortel sur 10 dans la bouche des responsables en charge de la Sécurité Routière, les médias répétant la phrase ensuite en boucle.