A travers plusieurs investissements et plusieurs projets, le groupe français est en train de créer des écosystèmes qui permettent de développer la mobilité hydrogène. L'exemple le plus visible est celui de HYPE, le service de taxis à hydrogène à Paris, qu'Air Liquide soutient à travers la STEP (Société du Taxi Electrique Parisien). Mais, il y a d'autres initiatives au Japon, en Chine, aux Etats-Unis pour développer des stations et mettre en face des clients. C'est la clé pour passer à l'échelle.
Lancé le 7 décembre 2015, pendant la COP 21, HYPE est un service inédit de taxis. C’est une vitrine unique dans la capitale pour cette forme d’électrification avec des véhicules reconnaissables à leur couleur bleue. Pour passer à l’échelle, Toyota, Idex et HYPE ont décidé de créer une société commune pour développer le taxi à hydrogène. Elle a pour nom Hysetco. D'un budget de 100 millions, la société est détenue à part égale par chacun des partenaires à hauteur de 25 %. La volonté est de proposer un écosystème complet avec les véhicules (proposés en leasing), les stations et le service client (achat de licences). Grâce à Toyota, qui a obtenu la production de 500 Mirai pour la France, la flotte de taxis H2 va atteindre le nombre de 600 véhicules d’ici fin 2020. Ce sera la plus grosse d’Europe et même du monde. Pour alimenter tous ces taxis, il faudra au moins 10 stations à hydrogène (contre 4 aujourd’hui, à Paris au pont de l’Alma, près de Versailles, ainsi qu’aux aéroports d’Orly et de Roissy).
Toujours en France, Air Liquide a surpris en s'associant avec ENGIE à l’agglomération Durance, Luberon, Verdon (DLVA) qui, dans le sud de la France, veut produire massivement de l’hydrogène vert à partir d'énergie solaire. L'accord de coopération s'inscrit dans le cadre du projet « HyGreen Provence », initié en 2017, et qui vise une production de 1 300 GWh d’électricité solaire, ainsi que la production par électrolyse de l’eau d’hydrogène renouvelable à échelle industrielle. Ce territoire dispose d’atouts considérables avec un des ensoleillements les plus favorables en France (1 450 heures / an en moyenne), la disponibilité d’un foncier conséquent et aussi d’un site de stockage en cavité saline pouvant accueillir une production centralisée d’hydrogène renouvelable de grande ampleur. Des premières réalisations sont envisagées dès fin 2021 et une phase finale possible en 2027. À terme, plusieurs dizaines de milliers de tonnes d’hydrogène renouvelable par an pourraient ainsi être produites pour répondre à un très large spectre d’usages, tant sur le plan local que régional. S’agissant de la mobilité, l’hydrogène pourra alimenter tous types de véhicules : des véhicules légers aux camions en passant par les bus, ou encore les utilitaires.
En tout, le groupe a financé à ce jour 120 stations d'hydrogène à travers le monde. Il participe à l'effort d'infrastructure en Chine (avec Sinopec), en Corée et au Japon. Mais, il y a aussi l'Amérique du Nord.
Fin novembre 2018, Air Liquide a annoncé un investissement de 150 millions de dollars pour la construction en Californie d'une unité de production de 30 tonnes d'hydrogène par jour, pour alimenter 35 000 véhicules électriques à pile à combustible. Il y a aussi un réseau de 10 stations qu’Air Liquide est en train d’aménager sur la côte Est des Etats-Unis autour de Boston. Et puis, Air Liquide s'est aussi rapproché de Cummins, un fabricant américain de poids-lourds qui vient de racheter Hydrogenics, une société spécialisée dans les électrolyseurs (et dont le groupe français est en partie actionnaire). Tout cela est cohérent avec un autre projet en cours. Air Liquide va construire au Canada le plus grand électrolyseur PEM (Membrane Échangeuse de Protons) au monde, d'une capacité de 20 mégawatts (MW) pour la production d'hydrogène décarboné. La technologie sera justement fournie par Hydrogenics. Grâce à cet électrolyseur, qui produira 8 tonnes d’hydrogène par jour, l'industriel augmentera ainsi de 50 % la capacité actuelle de son site de production situé à Bécancour, dans la région de Québec. Issu de l’énergie hydraulique, l’hydrogène vert pourra ensuite être utilisé localement par des industriels, mais aussi pour des usages liés à la mobilité. Il permettra par exemple d’alimenter le réseau de stations de la côte Est auquel je faisais référence.
Enfin, il ne faut pas oublier qu'Air Liquide a créé l'Hydrogen Council, une structure qui rassemble une soixantaine de multinationales du transport et de l'énergie. Des annonces seront faites prochainement sur l'arrivée de nouveaux membres et sur une étude concernant le potentiel de l'hydrogène.