vendredi 6 septembre 2019

L'univers du jeu vidéo arrive dans la simulation automobile

Je me trouve actuellement à Strasbourg, où se déroule le congrès DSC 2019 Europe VR, dédié à la simulation dans la conduite automobile (et notamment le véhicule autonome). Ce type d'événement, qui a lieu chaque année, est l'occasion de mesurer les progrès réalisés par les éditeurs de logiciels et les fabricants de simulateurs. Parmi les tendances, il y a la montée en puissance du cloud, la convergence entre les casques de réalité virtuelle et la simulation, et l'arrivée du monde du jeu vidéo.



J'ai ainsi rencontré un représentant d'Epic Games. Ce studio américain est connu pour des jeux tels que Fortnite. Le rapport avec l'automobile ? Son moteur Unreal Engine permet de créer en temps réel des univers virtuels au design très chiadé et en 3D. Appliqué dans le domaine de la simulation, cela permet de créer autour du véhicule un environnement avec la même qualité d'image qu'au cinéma. D'ailleurs, ce procédé sert aussi pour réaliser des films publicitaires avec des routes où il n'y a personne et om il fait beau. Mais, ce n'est pas qu'une question de design. On peut, grâce à cet outil, créer l'univers souhaité pour confronter le véhicule autonome à des situations complexes. Parmi les clients d'Epic Games, on peut d'ores et déjà citer Uber et Cruise (General Motors).


Sinon, ce congrès a été pour moi l'occasion de faire un point sur SCANeR Ce logiciel existe depuis 25 ans et a été développé par Oktal. Dans le cadre de la société AV Simulation, codétenue par Renault, Sur sa dernière version, 1.9, dévoilée la veille du congrès à Strasbourg, ce produit propose toujours plus de fonctionnalités pour aider l'industrie automobile à développer des aides à la conduite et le véhicule autonome. On peut par exemple introduire des traversées d'animaux, des bouchons et des accidents. L'intelligence artificielle fait aussi son entrée dans le monde de la simulation. Les industriels essaient de générer de l'apprentissage profond de manière virtuelle.


A ce propos, AV Simulation utilise des capacités de Microsoft dans le cloud. Il y a donc des fermes de serveurs qui aident à faire tourner les programmes, qui sont finalement vus en streaming par les développeurs. La collaboration avec Microsoft se fait donc au sens large avec Renault. Cette approche est appelée à se généraliser, car elle permet de faire tourner aussi des multitudes de cas d'usage. Et dans le cloud, on peut stocker d'énormes quantités de données.


Pendant la nuit, les tests virtuels se poursuivent, en attendant le retour des ingénieurs le lendemain matin. Ce qu'il faut savoir aussi, et j'ai eu un éclairage passionnant à ce propos de la part de la société Theoris, c'est que les géants américains du numérique (Google, Microsoft) ont mis en place leurs propres infrastructures. Ils garantissent donc une communication sans couture, avec seulement quelques millisecondes pour envoyer une image.


Autre acteur de référence, ANSYS (qui utilise des briques de SCANeR) vient d'annoncer un accord avec Edge CAse Research, leader mondial des logiciels d'évaluation des risques dans le véhicule autonome. Grâce à une intelligence artificielle intégrée, le véhicule est en mesure d’identifier les dangers routiers en amont et de les analyser en anticipant les scénarios à risques provoqués par des situations tierces: intempéries, animaux, silhouettes sur la route etc… Concrètement, Edge Case Research associe son puissant système de test de contraintes et d’analyse du risque Hologram à la solution de simulation end-to-end d'ANSYS. J'ai aussi vu d'autres avancées techniques, comme la génération de cartes 3 à la demande. La société Atlatec peut par exemple fournir une large bibliothèque de routes du vrai monde, reproduites à l'identique et de façon numérique pour faciliter les tests.


Au niveau de l"ergonomie, j'ai été bluffé par le système développé par Vioso qui permet une calibration automatique sur n'importe quel type d'écran. Sur un grand écran incurvé, je me suis retrouvé virtuellement au volant d'une Formule E évoluant à Paris autour des Invalides. Et au niveau de la définition d'image, la société Digital Projection proposait une démonstratin de 8K. Tout cela pour dire qu'à défaut d'être déjà une réalité, le véhicule autonome bénéficie d'outils qui peuvent recréer autour de lui un univers plus vrai que nature. Et on ne sait plus très bien où se situe la limite entre la réalité et la fiction.