Je reviens de Marseille, où se déroulent en ce moment les journées hydrogène dans les territoires, une manifestation soutenue par l'AFHYPAC et dont c'est la 7e édition. L'ambiance est plutôt optimiste, puisque ce type d'énergie est de plus en plus reconnu (par exemple au dernier G20 où un rapport de l'agence internationale de l'énergie a été présenté, ou lors d'un conseil des chefs d'Etat de l'Europe). A défaut d'être financé comme il le faudrait par le gouvernement français, l'hydrogène s'impose dans les collectivités comme une solution pertinente.
Et voici pourquoi. Les régions, départements ou communautés de communes n'attendent pas de l'Etat un signe. Elles s'engagent résolument dans la transition énergétique en faisant l'acquisition d'électrolyseurs et de véhicules. L'idée est d'une part de produire massivement de l'hydrogène vert (à travers des ressources qui peuvent être du solaire, de l'éolien ou d'autres comme la méthanation) et de s'en servir pour alimenter des flottes de véhicules qui vont du vélo au camion, en passant par l'utilitaire et le bus. Et dans les régions en bord de mer, c'est aussi le bateau qui est visé. Un autre mode de transport est aussi sur la table, le train à hydrogène, avec là encore des stations d'avitaillement qui pourraient être mutualisées avec d'autres modes.
Dans le cadre des journées hydrogène dans les territoires de Marseille, l'ADEME a fait le point sur les appels à projets. On a appris ainsi que, si ces projets (les 11 retenus dans le cadre de l'AMI écosystèmes de mobilité) sont menés à bout, la France aura réussi à atteindre en 2023 50 % des objectifs fixés dans le cadre du Plan National Hydrogène. Les projets en question prévoient en effet 1800 véhicules, dont 1000 pour le seul projet ZEV (Zero Emission Valley) de la région Auvergne-Rhône-Alpes, 70 véhicules lourds et 50 stations de remplissage (avec une production estimée à 1400 tonnes d'hydrogène par an). A titre de comparaison, le plan Hulot prévoit 5000 véhicules légers, 200 véhicules lourds et 100 stations à l'horizon 2023.
Et c'est par le transport public que l'hydrogène va se développer aussi. Sur le modèle du consortium H2 Bus, qui va permettre le déploiement de 1000 bus à hydrogène d'ici 2023 (dont 600 dans un premier temps avec des subventions) en Europe, la France va se dote d'une flotte similaire. Et ce, en 4 ans seulement. Si quelques villes pionnières ont ou vont déployer des premiers véhicules (Versailles, Pau, Artois-Gohelle, Toulouse, Auxerre), ce ne sont pas moins de 88 véhicules qui vont rouler un peu partout en France d'ici quelques mois, Il s’agit désormais de passer un cap et d’aller même au-delà des objectifs du plan National hydrogène de juin 2018 (200 véhicules lourds à horizon 2023). Et c'est là qu'intervient l'UGAP. La centrale d’achat va proposer aux collectivités partenaires de fonctionner en co-prescription sur les bus hydrogène, c’est-à-dire de bâtir ensemble des offres sur ces véhicules. Ce mode de fonctionnement a déjà fait ses preuves, en particulier en 2011-2012 sur les Véhicules utilitaires légers électriques (groupement de commande « 50.000 véhicules électriques » entre plusieurs grands donneurs publics et privés).
Il ne s'agit pas d'expérimenter, mais bien de passer à l'échelle.
Précisons que les constructeurs automobiles sont de la partie dans ce type d'événement. Bien sûr, Toyota en est. Le constructeur japonais, qui en profite pour faire tester la Mirai, est l'un des actionnaires d'Hysetco*, la société commune destinée à financer (avec l'aide d'Air Liquide, la STEP, Idex et le fonds d'investissement luxembourgois Kouros) le service HYPE de taxis à hydrogène. La flotte va passer de 300 véhicules cette année à 600 en 2020, sachant que le nombre de stations va passer de 4 à 9 dans le même temps en région parisienne. Pour la phase 2, qui concerne la période de 2021 à 2024, l'ambition est de commercialiser 17000 taxis et 25000 VTC. Il s'agit de dupliquer le modèle de Paris dans d'autres agglomérations, aussi bien en France que dans d'autres pays.
Mais, il y a aussi un constructeur français qui se montre, même si c'est discret. Il ne s'agit pas de Renault, qui assemble pourtant des Kangoo H2 (sans se presser, malgré une demande croissante du terrain) mais du groupe PSA. Le responsable du déploiement de l'hydrogène sur les véhicules utilitaires se montre dans les conférences qui ont lieu sur cette thématique. Et comme le produit arrive en 2021, il en profite pour rencontrer des clients potentiels.
A part ça sinon, des gens qui se croient très intelligents ne croient toujours pas à l'hydrogène….
*La société permet de financer l'achat de licences ainsi que l'acquisition de véhicules et le montage de stations.