jeudi 14 février 2019

Voiture du futur : l'Etat accompagne... mais pas trop

Hier soir, j'ai eu la chance (mais en même temps j'étais quand même payé pour ça) d'assister au dîner donné à l'occasion des 100 ans de l'OICA*, au Pavillon Cambon près de l'Opéra. C'était un événement très prestigieux, avec plus de 500 invités du monde entier dont le Président de la République, Emmanuel Macron. Ce dernier, qui est resté à la soirée, a délivré un discours dans lequel il a exprimé sa vision pour la mobilité du futur. Il a notamment parlé de l'électrification. Le Président a annoncé un investissement de 700 millions d'euros pour soutenir une filière européenne de batteries.

C'est un peu moins que le milliard débloqué par l'Allemagne, mais c'est quand même un montant important. Les mauvaises langues diront que les fonds promis pour l'hydrogène (100 millions sur 5 ans) ont été transférés vers la batterie. L'idée est d'avoir une usine en France (celle de Saft) et une autre outre-Rhin. Les constructeurs considèrent que c'est un moyen de s'affranchir de la domination des asiatiques (qui étaient très nombreux au dîner de l'OICA).

Cela dit, cela n'a pas empêché le Président d'évoquer… l'hydrogène comme une alternative aux moteurs thermiques et au… Diesel, qu'il ne veut pas stigmatiser - et en même temps - mais remplacer quand même.

Le Président a rendu hommage au travail de Patrick Pelata, ex-bras droit de Carlos Ghosn chez Renault, qui a rendu un rapport co-rédigé avec Xavier Mosquet du Boston Consulting Group. Les deux hommes vont d'ailleurs présenter ce travail aujourd'hui même. Toujours dans le cadre des 100 ans de l'OICA. Le rapport évoque entre autres l'électrification, avec des propositions pour démocratiser cette forme de mobilité. Pour sa part, l'ACEA - via Carlos Tavares, le PDG de PSA qui est son Président - appelle à plus de bornes. Et au nom de l'OICA, qu'il dirige, en plus du CCFA, Christian Peugeot demande des avantages aux utilisateurs de véhicules électriques

Emmanuel Macron a aussi salué le travail d'Anne-Marie Idrac, la haute responsable du véhicule autonome en France. Elle était également à la soirée. Le gouvernement veut promouvoir des services de transport autonome à la demande d'ici 2021. Cependant, le Président est conscient des lacunes de l'Europe, qui ne représente que 10 % des investissements dans l'intelligence artificielle.

Bilan de la soirée : le chef de l'Etat a pris conscience qu'il fallait arrêter le "car bashing" (serait-ce un effet de l'action des gilets jaunes ?), mais n'a pas pleinement convaincu. Cela dit, les acteurs de l'automobile étaient contents d'avoir parmi eux un Président de la République, visiblement content de se retrouver dans un univers qui ne lui est pas vraiment hostile.