Mercredi dernier, je me trouvais donc à Rouen pour le Congrès SIA Powertrain*, au cours duquel j'ai animé une table ronde avec des grands acteurs de l'industrie. Ce qui ressort de cet exercice, c'est que le Diesel est amené à disparaître progressivement sur les voitures particulières. D'ailleurs, en introduction de la conférence, je portais à la connaissance du public l'annonce de Volvo, qui a décidé de ne pas proposer ce type de moteur sur la berline S60. Malgré les efforts de Bosch, qui était bien sûr présent à Rouen et qui pense que le Diesel n'est pas mort, et malgré aussi ce que font notamment BMW et Mercedes pour préserver leur motorisation fétiche, PSA et Renault semblent avoir déjà tourné la page.
Tous deux ont des moteurs à essence performants pour absorber le déclin du Diesel. Et ils ont lancé une vaste offensive en matière d'électrification. Cela passe par le 48 v, l'hybride rechargeable et bien sûr l'électrique à batterie. Quand le moteur thermique sera couplé avec une batterie rechargeable, ce sera de l'essence, et non du Diesel. PSA a rappelé que l'hybride Diesel avait déjà été exploré et que c'était terminé.
Sur un plan technique, les constructeurs français sont en ligne avec les objectifs de Bruxelles en matière de CO2 pour 2021. Et pour faire face aux exigences de 2030, il est clair que l'électrification sera a priori le seul moyen d'abaisser de façon significative les émissions.
Ce qui irrite les équipementiers, c'est que les constructeurs semblent baisser les bras. Leurs choix donnent l'impression de répondre aux diktats de l'opinion, qui après avoir donné la chasse au Diesel, cible désormais le moteur thermique tout court. Lequel a pourtant encore du potentiel, car on peut jouer sur bon nombre de paramètres (injection, gestion thermique, etc...). Mais, comme les politiques font les lois, le calcul est donc de donner aux politiques ce qu'ils veulent.
Toutefois, ce n'est pas sans risque.
L'emballement pour la voiture électrique pourrait contribuer aussi à un retournement d'opinion, en raison des polémiques sur les terres rares et le travail des enfants, mais aussi en raison des problèmes qui pourraient se poser pour la recharge. Alors que les industriels investissent des milliards sur les composants et les batteries, les Etats ne font rien pour financer des bornes de recharge rapides. Et si les clients n'achètent pas les voitures électrifiés, tant vantées par les pouvoirs publics (rappelons que la part de marché du VE est de 1 %), cela va provoquer une pagaille monstrueuse.
Et la bonne question est de savoir si les compétences seront encore présentes chez les constructeurs auto en matière de moteurs thermiques s'il faut prévoit un plan B...
*Il s'appelait avant Diesel, mais vu la désaffection dont soufre cette motorisation, le congrès a été élargi aux motorisations en général.