Plus de colza, moins de particules ? L'IFPEN a réalisé une étude qui montre que l'intégration de biodiesel dans un véhicule Diesel permet de réduire les émissions polluantes. Ainsi, un moteur utilisant 10 % de biodiesel voit ses émissions de particules reculer de 20 % en masse par rapport au diesel conventionnel. Un chiffre porté à 43 % lorsque le biodiesel est incorporé à hauteur de 30 %. Avec le concours de gazole issu de l'agriculture française, et sans transformation technique, on pourrait donc a priori rendre moins nocifs les nombreux véhicules du parc français non équipés de filtres à particules.
L'idée est intéressante. Mais, cette étude a été réalisée pour le Groupe Avril, qui se présente comme le leader industriel et financier des filières françaises des huiles et protéines végétales (marques Lesieur, Puget, Matines, Sanders...). Elle n'est donc pas totalement neutre. De plus, la note de synthèse de l'IFPEN précise bien que l'étude n'a porté que sur un nombre très restreint de véhicules et qu'il faudrait tester un panel plus important de véhicules et de technologies. Autre précision : les essais ont été menés sur des bancs à rouleaux. Et surtout, le Diesel bio n'influe en rien sur les NOx, qui restent la source de pollution la plus préoccupante.
Ce qu'il faut retenir toutefois, c'est que le biodiesel est une approche menée à l'échelle mondiale. On en trouve certes en Europe (le biodiesel est déjà incorporé à hauteur de 7 %, et à 8 % en France parce qu'on est plus intelligent que les autres), mais aussi en Indonésie où ce taux est déjà à 20 %. Et dans l'hexagone, ce carburant est issu de colza.
Si l'on revient à l'IFPEN, cet organisme est impliqué dans le projet BioTFuel qui concerne les biocarburants de seconde génération à l'horizon 2020. Le groupe Avril en fait aussi partie, tout comme Total et d'autres partenaires dont le CEA. Le projet est soutenu par l'ADEME. Un démonstrateur vient justement d'être inauguré à Dunkerque. Il s'agit cette fois de produire des carburants en gazéifiant de la biomasse lignocellulosique**. L'objectif est d'obtenir du biodiesel plus vertueux, avec une réduction de 90 % des émissions de CO2 (par rapport à des carburants fossiles). Il serait compatible avec tous types de moteurs Diesel et de turboréacteurs d'avion.?
Comme le rappelle l'IFPEN, les biocarburants sont intégré dans la loi sur la transition énergétique.
*pailles de céréales et oléagineux, plaquettes forestières (feuillus, résineux), cultures dédiées (miscanthus, switch grass), etc
**Ces biocarburants doivent être produits à partir de matières premières qui ne compromettent pas la vocation alimentaire d'une terre et ne comportent pas ou peu de risques de changements indirects dans l'affectation des sols.