jeudi 15 décembre 2016

L'hydrogène commence à gagner l'industrie automobile française

Voilà une information qu'on ne risque pas de lire en ce moment dans la presse, ni sur les blogs prétendument spécialistes de la mobilité électrique, en raison du buzz entretenu par certains acteurs autour du véhicule à batterie. Et pourtant... Il se passe bien quelque chose dans le domaine de l'hydrogène, qui devient un peu plus chaque jour une réalité dans différentes régions de France. Et mieux encore : la filière automobile française commence discrètement à intégrer cette nouvelle donne énergétique, alors que PSA et Renault ne veulent pas en entendre parler pour l'instant.
Cette évolution non négligeable a été révélée hier, lors de l'assemblée générale de l'AFHYPAC (l'association française pour l'hydrogène et la pile à combustible), qui se tenait hier chez ENGIE à La Défense. Lors d'une table ronde, réunissant des représentants de divers organismes liés à l'Etat, Florence Lambert a pris la parole. Elle est du CEA et pilote la partie hydrogène dans le cadre de la thématique "Mobilité Ecologique" au sein de la NFI (Nouvelle France Industrielle). Mme Lambert a annoncé qu'un rapprochement avait été opéré auprès de la PFA (Plateforme de la Filière Automobile), en même temps qu'avec l'AFHYPAC. Des discussions sont en cours pour préparer la mise en place d'une filière hydrogène, au sein de l'industrie automobile. Ce n'est pas un mouvement initié par les constructeurs français, plutôt réticents pour le moment, mais par des équipementiers de rang 1 qui souhaitent pouvoir produire en masse les composants. Il s'agit à ce jour de Michelin, Faurecia, Plastic Omnium ou encore Valeo.

Explication : ces champions tricolores qui travaillent avec les constructeurs du monde entier ne vont pas attendre que PSA et Renault changent d'avis. Ils sont bien placés pour voir que le train est déjà parti et que les autres acteurs vont proposer à la fois du véhicule à batterie et de la pile à combustible. C'est pour cette raison que certains équipementiers investissent dans le réservoir à hydrogène. D'autres sont bien placés en raison de leur expertise dans les composants électriques. L'équipe de France de l'hydrogène est donc en route. Et ce, malgré un contexte qui est beaucoup plus favorable en apparence au véhicule électrique à batterie.

Le Président de l'AFHYPAC, Pascal Mauberger, m'a confirmé que des discussions sont bien en cours. Jusqu'à présent, la PFA avait adopté une position plutôt prudente sur l'hydrogène. Son "position paper" avait toutefois (légèrement) évolué pour tenir compte des évolutions techniques et surtout du lancement en série de modèles par certains constructeurs

Sinon, il a été rappelé hier, au cours de cette même AG, que la France doit transposer une directive européenne, avec un objectif de 30 à 50 stations d'hydrogène d'ici 2025. Ces chiffres pourront être révisés en 2019, si la filière venait à décoller. L’AFHYPAC considère justement que le projet de transposition ne reflète pas l’ambition de la filière qui s’est exprimée en publiant le plan Mobilité Hydrogène France ( 600 stations, 800 000 véhicules à l’horizon 2030 ) et en affichant un objectif de 130 stations à l’horizon 2022 dans le cadre de la solution « Mobilité écologique » de la Nouvelle France Industrielle.

Mais, quand on sait d'où part l'hydrogène, surtout en France, c'est déjà bien d'arriver à ça.