Mercredi, j'étais donc chez ce fournisseur d'énergie (ex GDF Suez) pour assister à une série de conférences autour de l'hydrogène. "Le moment est venu de penser très grand", a déclaré Thierry Lepercq, Directeur Général Adjoint en charge de la recherche de l'innovation chez ENGIE. Il a évidemment évoqué l'investissement de l'entreprise dans SymbioFCell, une PME que couve également Michelin et qui participe à la mobilité hydrogène en France. Mais, c'est un passage sur la voiture autonome qui a le plus attiré mon attention.
Thierry Lepercq a en effet parlé des tsunamis qui sont en train d'arriver et qui contribuent non pas à une transition, mais à une révolution énergétique. L'un de ces tsunamis est la mobilité électrique et digitale. Sur la mobilité électrique, on comprend l'intérêt que peut porter ENGIE. L'entreprise propose une offre pour les VE (Elec'Car, recharge aux heures creuses avec une électricité certifiée verte), a pris des parts dans une start-up belge (Powerdale : monitoring et facturation de la recharge électrique) et s'investit donc résolument dans l'hydrogène, qui pourrait à terme remplacer le pétrole.
La mobilité digitale intéresse aussi ENGIE. On entend par là l'autopartage, mais également le véhicule autonome. Et Thierry Lepercq a projeté la photo d'un prototype de Ford Mondeo autonome portant les couleurs d'Uber. A ce moment-là, il a déclaré qu'ENGIE "entendait être un acteur et participer à cette révolution". Ce n'est pas le genre de discours qu'on entend tous les jours chez un fournisseur d'énergie. Cela aurait fait du bruit si Total avait fait une telle annonce.
Faute d'avoir pu bavarder avec ce haut responsable, qui est parti à l'issue de sa présentation, j'ai quand même pu échanger avec un des membres de l'entreprise et qui connaît bien la recherche. Il m'a expliqué qu'ENGIE était aujourd'hui ouvert à tout. L'entreprise fera sans doute autre chose que de vendre de l'énergie demain et proposera aussi du service. Elle s'intéresse déjà à la Smart City et sa dirigeante, Isabelle Kocher, estime que "le monde digital est aussi important que l'air que nous respirons". Ce n'est pas pour rien qu'ENGIE a investi par exemple dans Sigfox, qui est en train de déployer un réseau mondial pour l'Internet des objets. Le groupe maîtrise aussi la Big Data.
Bref, tout ça pour dire qu'il n'est pas du tout utopique d'imaginer ENGIE proposer un jour un service de transport de point à point, à bord d'un véhicule zéro émission bien sûr (électrique à batterie ou à hydrogène) et robotisé, dans le cadre d'un leasing. Un opérateur d'énergie qui pourrait inclure la mobilité propre, mais aussi autonome : voilà une belle vision. Reste à voir si le groupe a besoin d'investir dans la technologie, ou à miser sur une start-up.
L'entreprise dispose d'un fonds d'investissement pour cela et reste en veille sur l'open innovation.
* Les autres sont les énergies renouvelables (solaire et éolien) ; les batteries et plateformes mini grids ; l'hydrogène (électrolyse et stockage) ; l'Internet des objets (big data, home energy management).