mercredi 5 juin 2019

Vers la mobilité inclusive : utopie ou non ?

Hier, j'ai animé pour le compte du pôle Mov'eo la troisième édition de son Imagine Mobility Forum. Cet événement se déroulait sur le campus de l'ESTACA, à Saint-Quentin-en-Yvelines, et au lendemain de l'adoption de la LOM* (Loi d'Orientation sur les Mobilités). Le thème retenu était celui de la mobilité pour tous, et plus précisément de la mobilité inclusive. S'il a bien été question de technologie à un moment (avec des interventions de l'agence de mobilité du Bade-Württemberg, la plateforme Plug & Play qui met en relation des industriels et des start-up, et la ville d'Helsinki qui a de nombreux projets dans la smart city), ce forum a permis de montrer que l'innovation est parfois d'ordre social. C'est ce que je vais développer dans ce post.

A des années-lumière d'une mobilité pour les élites (avec des taxis volants), le propos portait plutôt sur la mobilité abordable. Et à ce propos, le programme a permis de mettre en avant la société d'autopartage Clem', dont la plateforme permet de proposer des véhicules électriques et des bornes de recharge à destination de l'habitat social. La PME fait de l’e-Maas (electro Mobility as a Service). La technologie est ouverte à toute marque de véhicules électriques (du vélo à la voiture) et de bornes, en interopérabilité avec les acteurs locaux de mobilité. Son mode de fonctionnement est de type Plug & Play, avec en prime une connexion au smart grid. Le service est déployé dans 100 villes en France avec 400 véhicules et 600 bornes.

Pour sa part, le CEREMA a expliqué le rôle de France Mobilités. Cet organisme public joue aussi un rôle très utile auprès des collectivités, car sa base de données recense les services de mobilité innovants et peut apporter à la fois du conseil et une aide en matière d'ingénierie. Une prestation qui intéresse particulièrement les collectivités rurales.


L'autre découverte a été le Laboratoire de la Mobilité Inclusive. Cet organisme est financé par une vingtaine de partenaires, dont Michelin, PSA, Keolis et Transdev. C'est d'ailleurs un cadre de cette entreprise, Hubert Jospeh-Antoine, qui préside le Lab. Le LMI fait des études et des fiches pratiques. Il a aussi activement participé aux assises de la mobilité qui ont conduit à l'écriture de la LOM.


Les participants ont aussi été surpris par l'intervention de Renault. Le Vice-Président en charge de la RSE, Oliver Faust, a en effet parlé de "social business". Le constructeur finance des projets de garages solidaires. Le fonds Mobilize Invest permet par ailleurs de soutenir des start-up qui développent des services de mobilité dans un but social (15 projets soutenus pour un peu plus de 3 millions d'euros). M. Faust a souligné que les grands groupes avaient une responsabilité et devaient donc aussi faire des efforts pour proposer une mobilité plus abordables (exemple avec le microcrédit).

La mobilité est un droit. Comme l'a rappelé le mouvement des gilets jaunes, auquel il a été fait référence, on ne peut pas laisser les citoyens sur le bord de la route. Tout le monde n'aura pas forcément des services de pointe, mais le forum d'hier a permis de montrer qu'il était possible de proposer des alternatives. Et que le rêve peut aussi devenir réalité, quand certaines conditions sont réunies (partenariats entre villes, banques et industriels).

*Loi à laquelle le pôle Mov'eo a beaucoup participé, comme l'a rappelé son Président Rémi Bastien.