mercredi 24 mai 2017

Pollutrack : un capteur connecté pour traquer les particules fines à Paris

La maire de Paris, Anne Hidalgo, a présenté lundi un dispositif innovant qui va permettre de bénéficier en temps réel d’une mesure beaucoup plus précise des particules fines et d’établir une cartographie. Il repose sur des capteurs mobiles. Depuis quelques jours, une soixantaine de véhicules de service électriques d’Enedis (ex-ERDF) équipés d’un capteur laser sur le toit sillonnent les rues de la capitale. Ils seront 300 d’ici la fin de l’année.



Le système, qui a la taille d’une box Internet de couleur bleue, permet de mesurer le nombre de particules fines de 2,5 microns (les fameuses PM 2,5 qui sont si nocives). Le capteur réalise la mesure à hauteur d’homme et envoie ces données toutes les 20 secondes sur un serveur, via le réseau GSM.


L’idée de ce projet revient à Planet Watch 24, un « think tank » fondé par l’ancien Directeur Général de BP Europe, Michel de Fabiani. Cet organisme a suggéré dès février 2015, en prévision de la COP21 et bien avant que n’éclate le scandale Volkswagen, à la mairie de Paris d’utiliser la technologie laser pour mesurer la pollution par particules fines. C’est ce qui avait été fait notamment par les chinois aux JO de Pékin. Et il a été préconisé de rendre cette mesure mobile, pour avoir plus de données que les trois stations fixes déployés par Airparif dans Paris. Enedis a accepté de financer le développement du capteur Pollutrack, qui est une première mondiale.

Pour l’anecdote, il a été utilisé pour la première fois pendant la COP21. Il avait été monté dans le plus grand secret sur le toit de 21 Autolib’. Les mesures réalisées à l’occasion de cet événement ont conforté Planet Watch 24 et Enedis dans leur décision de poursuivre le projet.


A ce jour, il y a déjà eu plus d’un million de mesures à partir des véhicules d’Enedis. L’intérêt du capteur laser est de pouvoir d’une part mieux comptabiliser le nombre de particules (dont le poids en microgrammes par m3 est ensuite calculé) et de localiser la pollution par un nuage de points. Ce dernier point est essentiel. Si aujourd’hui les données sont stockées sur un serveur commun à Enedis et Planet Watch 24, elles seront demain disponibles en open data et pourront être utilisées par des développeurs dans le cadre d’applications. On pourra par exemple conseiller des itinéraires évitant les axes les plus pollués, et où les particules stagnent, en temps réel. Ce genre d’applications ne bénéficiera pas seulement aux piétons et aux cyclistes, mais aussi aux automobilistes qui sont encore plus exposés aux particules fines à l’intérieur de l’habitacle.


Si le capteur Pollutrack ne fait pas la distinction entre les particules qui viennent de la combustion du Diesel, des plaquettes de frein, du chauffage ou de l’agriculture, il permet néanmoins de déterminer si la pollution est d’ordre local, ce qui permettra peut-être de clarifier le poids des fameuses particules venant d’Allemagne. Dans son discours, Anne Hidalgo a indiqué que ces mesures réalisées par des véhicules connectés serviront à mesurer l’impact de grands événements générant du trafic et d’avoir une meilleure connaissance du degré de pollution. Pour sa part, Planet Watch 24 espère pouvoir collaborer avec l’industrie automobile.