Hier matin, j'ai assisté à une conférence sur l'industrie automobile organisée sous l'égide de la Fabrique de l'Avenir, une initiative qui vise à mobiliser les différentes fédérations industrielles. Elle s'est tenue en présence des Présidents du CCFA (Comité des Constructeurs Français d'Automobiles), Christian Peugeot, de la FIEV (Fédération des Industries des Equipements pour Véhicules), Jacques Mauge, et du GFI (Groupement des Fédérations Industrielles), Philippe Darmayan. Cette réunion a été l'occasion d'évoquer les attentes des industriels, alors que s'ouvre le quinquennat d'Emmanuel Macron.
A ce propos, j'ai appris hier que le nouveau Président s'était rendu au dernier Mondial de l'Automobile, en passant un samedi. Il est même resté 8 h sur place, en prenant le temps d'écouter les industriels. On m'a confirmé qu'il connaissait déjà bien les dossiers et qu'il s'intéressait à l'innovation. Ces informations n'avaient pas encore filtré.
Pour en revenir à la conférence d'hier, elle se déroulait à un moment-clé, le jour de l'annonce du gouvernement, et à une période où se déroule un conflit social chez l'équipementier GM & S dans la Creuse.
Evidemment, les industriels ont un certain nombre d'attentes par rapport au nouveau Président. Mais, ils ne cachaient pas hier leur préférence pour Emmanuel Macron, qui connaît le secteur et se montre ouvert à tout ce qui relève du digital. "Il ne peut pas y avoir de France sans industrie", a scandé le Président du GFI.
Le problème est que l'industrie doit s'adapter. Comme l'a rappelé le Président du CCFA, l'automobile doit s'adapter à marche forcée, avec la transition énergétique qui pousse à l'électrification*, et en raison d'une concurrence très vive qui pousser vers la voiture connectée et autonome. Il y a aujourd'hui une montée en compétences, y compris pour des postes d'opérateurs en usine.
Côté FIEV, on confirme cette accélération. Il ne faut pas oublier que les équipementiers jouent un rôle prépondérant : ils réalisent 80 % du contenu d'une voiture. Ils apportent de la qualité et de plus en plus d'innovation. D'ailleurs, Valeo dépose désormais plus de brevets que PSA en France. Et justement, pour en revenir à la situation de GM & S, il a été dit que les sous-traitants devaient s'adapter à l'évolution technologique, faute de quoi ils étaient menacés de disparition. "Ceux qui ne bougent pas meurent", a confirmé Philippe Darmayan du GFI.
Le problème est que, comme on a pu le constater lors de la campagne électorale, les Français ont une vision assez décalée de ce qu'est l'industrie et raisonnent pour beaucoup en lutte des classes, et font l'amalgame avec la mondialisation et les profits du CAC 40. Il y a du travail en perspective pour faire de la pédagogie. C'est ce que compte faire justement, via Internet et des web séries, la Fabrique de l'Avenir, pour donner une vision positive de l'industrie d'ici 10 ans, y compris dans l'automobile. "Il ne faut pas avoir peur des robots et de la technologie", a déclaré la FIEV.
*Nécessaire pour arriver à 95 g de CO2 en 2021. A cette date, les émissions auront été réduites de 40 % par rapport à 2005.
Quelques chiffres :
L'automobile représente 9 % des emplois (2,3 millions de salariés au total, en intégrant les services).
Les constructeurs français dépensent 40 milliards en achats, investissent 5 milliards chaque année dans la recherche et rapportent 43 milliards à l'export.
En après-vente, 80 % des métiers vont évoluer d'ici 2025.