Dans un contexte difficile, marqué par un marché du véhicule électrique en baisse de 40 % sur le mois de janvier*, Nice accueille en ce moment la troisième édition des Assises Nationales des Infrastructures de Charge (IRVE), organisées par l’AVEM**. Cet événement de qualité a permis de faire le point sur le développement de l'infrastructure. On y a notamment entendu un discours plutôt optimiste de la part de la Commission Européenne.
Partenaire des Assises, la Commission avait en effet délégué un membre du cabinet du Commissaire au Transport Sliim Kallas. On a appris que Bruxelles se fixait un objectif de 10 % de voitures électriques en 2020, avec un parc à cette date de 5 millions de véhicules ! Un chiffre à la Carlos Ghosn qui fait preuve d'un volontarisme certain. Il a d'ailleurs surpris Béatrice Foucher, la patronne du programme ZE chez Renault. C'est d'autant plus surprenant que la Commission a pris soin de préciser que l'électrique n'était pas la solution unique. Mais, il s'agit d'une synthèse des prévisions avancées par les Etats. Et cela ne correspond pas forcément à la réalité.
Pour donner un coup d'accélérateur, Bruxelles compte sur la recherche. La priorité sera ainsi donnée au véhicule propre dans le cadre du projet Horizon 2020, qui se situera dans le prolongement de Green Cars. Mais, l'essentiel repose sur la directive sur les énergies alternatives proposée par la Commission pour développer fortement le nombre de bornes de recharge, avec un effet corridor et la participation de partenaires privés. L'objectif affiché est de 8 millions de prises, dont 970 000 en France. Seul problème : le Conseil européen veut repousser de 10 ans cette obligation en équipements.
En fait, sous la pression de certains pays (et en particulier de l'est), des négociations serrées se sont engagées et devraient déboucher d'ici avril. A priori, le calendrier reste maintenu à 2020 pour la voiture électrique (et le gaz naturel comprimé) et sans remise en cause de la prise de type 2 qui sera le standard européen. Mais, avec des objectifs purement indicatifs et fournis par les Etats eux mêmes. L'infrastructure pour l'hydrogène est pour sa part repoussée à 2025.
L'annonce forte est en fait la signature d'un partenariat entre Hubject et le GIREVE. Pour ceux qui n'auraient pas suivi, le premier est une plateforme de roaming mise en place par les allemands (avec notamment Bosch, Daimler et BMW). Le second est ce groupement mis en place en France (avec ERDF, Renault et PSA) pour recenser les bornes et s'assurer de interopérabilité des services. Ce rapprochement va dans le sens de la coopération franco-allemande dans la transition énergétique, appelée de ses voeux par le Président François Hollande. Et c'est un signal fort de la part de ces deux pays, dont les industriels sont les plus impliqués en Europe dans le développement de la voiture électrique.
*Un effet purement conjoncturel semble-t-il et qui n'inquiète pas les acteurs
**Association du Véhicule Electrique européen