Sacré Vincent Bolloré. Plus qu’un personnage, c’est presque un mythe. Moins flamboyant qu’un Elon Musk de Tesla, il est charismatique et a le sens de la com’. Il arborait hier la une du Parisien qui titrait « irrespirable » en raison des pics de pollution. Par ailleurs, il a tourné en dérision l’Ademe, qui a publié une étude relativisant l’intérêt de la voiture électrique (« alors qu’elle devrait la défendre », a déclaré Bolloré) et qui a déclaré à tort que la batterie Batscap contenait du cobalt et du manganèse (« alors qu’ils ne l’ont jamais eue entre les mains, je trouve ça poilant » a conclu l’industriel). L’homme d’affaires a au moins le mérite de faire bouger les lignes dans l’électrique et de produire en France des batteries.
Et son engagement dans Autolib’ est couronné de succès. Le service compte 2035 Bluecar en circulation pour 855 stations (dont 345 en dehors de Paris) et 4334 bornes de charge. Autres chiffres à retenir : 118 000 abonnés dont 40 000 Premium actifs et près de 3,5 millions de locations (avec un pic de 12 000 le samedi). Les voitures de Bolloré ont parcouru à ce jour 31,5 millions de km en mode zéro émission.
Et ce n’est pas tout, car il y a Bluely à Lyon avec 130 Bluecar et 51 stations (250 voitures et 100 stations l’année prochaine). Le service compte déjà 520 abonnés et totalise 3000 locations, avec en bonus une électricité garantie d’origine renouvelable par la CNR (Compagnie Nationale du Rhône). Le 9 janvier prochain, ce sera au tour de Bordeaux avec Bluecub. Le service proposera 90 Bluecar et 40 stations au démarrage (puis 200 et 80 en juin 2015). En totalisant le nombre de bornes sur les trois villes (près de 5000 à ce jour, plus de 6000 à terme), le groupe Bolloré a installé à lui seul 80 % du parc de points de recharge publics en France.
Ce savoir-faire n’est pas passé inaperçu. Si l’autopartage électrique va s’appliquer aussi à partir de 2014 aux USA à Indianapolis (en attendant la confirmation d’une ville asiatique, des contacts ayant été pris au Cambodge, à Singapour et en Corée du Sud), c’est pour son expertise dans les bornes que le groupe a été choisi par la ville de Londres. La capitale britannique, a décidé – via Transport for London – d’attribuer à Bolloré (à la filiale IER) la gestion et le développement d’un réseau de 1400 bornes de charge. La mission, qui débutera l’été prochain, consistera à uniformiser l’offre (abonnements, après-vente) et à développer l’infrastructure. Londres devrait ainsi compter 6000 bornes à l’horizon 2020, date à laquelle la capitale anglaise devrait se doter d’une zone « ultra low emission zone » favorisant les seuls véhicules électriques. Forcément, ce sera l'occasion d'introduire une version volant à droite de la Bluecar (on l'appellera Bluelon ?).
La nouveauté du jour était incontestablement la version cabriolet de la Bluecar. Elle a pour nom la Bluesummer. Bolloré l’a présentée en première mondiale à Paris, sur le trottoir en face du cinéma MacMahon (propriété du groupe), où se tenait la conférence de presse. L’auto n’a pas manqué d’interpeller les passants (qui l’ont mitraillée avec leur smartphone) et les journalistes. Ce cabriolet, qui fait penser un peu à la Méhari, a été dessiné par Philippe Guédon, l’ancien patron de Matra Automobile (qui reste dans l’orbite du groupe, après avoir dessiné le tout premier concept de la Bluecar). Il sera proposé dans des régions chaudes. Vincent Bolloré a évoqué Saint-Barth lors de son point presse. Mais, on devrait trouver aussi ce véhicule de loisirs électrique sur la Côte d’Azur et en Bretagne ("où il y a beaucoup de soleil", a dit le boss).
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Plus surprenant, le groupe Bolloré a aussi transformé la Bluecar en coupé cabriolet (avec une capote en toile). C’était pour les besoins d’une présentation à Agkor, au Cambodge, où le groupe pourrait implanter un service comparable à Autolib’.
Moins exotique, une Bluecar version utilitaire (avec les deux places de derrière condamnées) pourrait rendre des services aux professionnels, et en particulier à Paris où les livraisons seraient facilitées par un réseau de bornes. Bolloré compte d’ailleurs vendre l’idée à la mairie de Paris. En revanche, la Bluecar pour les particuliers fait un peu de surplace. Bolloré affirme en avoir vendu 120. L’industriel est plus intéressé par les entreprises que par les particuliers.
A ce propos, j'ai demandé à Vincent Bolloré où en était le projet de partenariat avec Renault. L’accord devrait être finalisé en fin d’année, avec trois volets : l’autopartage à l’international (avec l’appui du groupe Renault-Nissan), la production de la Bluecar dans l’usine Renault de Dieppe et le développement en commun d’un véhicule plus petit de 3,10 m et à 3 places. Ce dernier projet résulte d’un constat : il y a rarement plus de 3 passagers à bord d’une Bluecar. D’autre part, c’est exactement le format qui intéresse Singapour, un des candidats en Asie pour l’autopartage électrique.