vendredi 27 décembre 2013

BPI France : la banque publique qui veut faire grandir l’industrie automobile

A l’occasion d’un déjeuner, j’ai rencontré les dirigeants de BPI France (Banque Publique d’Investissement), l’organisme issu de la fusion entre OSEO, la CDC Entreprises et le FSI et qui gère entre autres les fonds du FMEA* (Fonds de Modernisation des Equipementiers Automobiles). La vocation de BPI est de financer les sous-traitants de l’automobile à fort potentiel**, avec un savoir-faire unique, un modèle économique solide et une activité à l’international, pour en faire les champions de demain.



Il s’agit de prêts (dont des prêts verts pour la transition énergétique, mais aussi des aides pour l’équipement numérique) ou de soutien à la trésorerie, mais toujours avec une approche « business » et une action en matière de gouvernance d’entreprise avec pour objectif de renforcer la valeur ajoutée. Et le travail semble efficace.


S’il est difficile de savoir combien d’emplois ont été préservés en France, grâce à l’implication de la BPI – qui investit sur le long terme – car un premier bilan ne sera établi qu’en 2014, j’ai tout de même pu obtenir un chiffre. L’action du FMEA a permis de venir en aide à plusieurs entreprises de la filière, dont le nombre total de salariés atteint les 40 000, dont 60 % en France. C’est loin d’être neutre.


Même si l’ombre de Ségolène Royal (dont on peut rappeler l’engagement aux côtés d’Heuliez et de Mia Electric) plane, en tant qu’administratrice de la BPI, la banque publique n’a pas pour vocation de renflouer les sociétés chères à tel ou tel politique. L’idée est de favoriser avant tout l’éclosion d’équipementiers méritants et même de les rapprocher d’autres concurrents en Europe (en particulier en Allemagne où des contacts ont été pris avec la VDA, qui est la chambre syndicale des constructeurs), pour les aider à atteindre une taille critique sur un marché qui se mondialise de plus en plus.


Les domaines prioritaires concernent avant tout la forge, la fonderie et la plasturgie, mais l’électronique n’est pas oubliée, de même que l’acoustique. Ce n’est pas forcément de l’innovation de rupture, la BPI aimant citer l’exemple allemand où on s’évertue à « la perfection du banal ». Notons cependant que la banque échange avec le Commissariat Général à l’Investissement et la PFA (Plateforme de la Filière Automobile).


Autre axe de développement : la diversification de certains sous-traitants de l’automobile vers des métiers comme l’aéronautique, le naval et le ferroviaire. Un club « communauté transport » vient d’être constitué en interne et va s’ouvrir à des acteurs de référence.

*625 millions d’euros répartis entre les équipementiers de rang 1 et de rang 2, avec un appui des constructeurs français et d’équipementiers français (Faurecia, Plastic Omnium, Valeo) et étrangers (Bosch, Hutchinson)
**Ils seraient 4500 selon la base de données qu’est en train de créer la BPI