jeudi 30 décembre 2010

L'étude qui remet les pendules à l'heure dans l'électrique

Une étude récente, menée par le cabinet Xerfi (leader en France des études économiques sectorielles) a de quoi calmer le buzz incessant autour du véhicule électrique. Et pour cause : elle estime à 2 % seulement la part de marché des voitures électriques en France à l'horizon 2020. C'est moins que les 10 % du marché mondial avancés par Carlos Ghosn à cette même date (mais que personne ne partage), et moins aussi que les prévisions du gouvernement français. Jusqu'à présent, peu de médias en ont parlé. Pourtant, l'étude passe au crible tous les facteurs positifs (soutien des pouvoirs publics, préoccupations en matière d'environnement) avant de confronter le véhicule électrique à certaines réalités.



Au-delà des facteurs de soutien au déploiement de la voiture électrique (commandes publiques, primes), beaucoup d’obstacles se dressent en réalité sur la route des constructeurs. Selon les experts de Xerfi, les VE demeureront encore longtemps un marché de niche en France pour au moins 4 raisons :
- Des difficultés techniques très contraignantes. Celles-ci sont bien connues : faible autonomie, absence d’infrastructure en matière de bornes de recharge mais aussi de standard technologique qui empêche entre autres les économies d’échelles dans l’industrie, etc. Dans ces conditions, ni la praticité ni la liberté d’utilisation chères aux automobilistes ne sont au rendez-vous.
- Un environnement socioculturel défavorable. La désaffection croissante pour l’automobile se traduit par un report modal vers le transport ferroviaire. Le budget auto est aussi devenu une variable d’ajustement pour les ménages face à l’accroissement des dépenses contraintes comme le logement ou les télécommunications.
- Un coût d’achat et d’usage supérieur à celui d’un véhicule diesel équivalent. Et ce, quelle que soit l’évolution des cours du pétrole. Selon les calculs de Xerfi, les futurs propriétaires ne peuvent espérer un « retour sur investissement » avant 4 à 5 ans, malgré le prix peu élevé du kilowattheure. Les systèmes de batterie renchérissent en effet d’un tiers le prix d’achat du VE. La location des batteries, expérimentée par les constructeurs, permet d’en lisser le prix dans le temps. Mais, in fine, le coût global demeure rigoureusement identique.
- Une concurrence des motorisations alternatives, notamment des véhicules hybrides mais aussi des moteurs à essence ou diesel. Tous les constructeurs sans exception sont engagés dans la réduction des émissions de CO2 des moteurs à combustion. Les performances environnementales des futures autos vont inévitablement s’améliorer, rendant les VE moins attrayants.


L’analyse menée par le cabinet Xerfi ne se contente pas de dégonfler la bulle spéculative qui commence à se former autour du véhicule électrique. Elle analyse également  les mutations en cours dans la filière automobile, et en particulier le risque de sortie de route des constructeurs. Ces derniers pourraient perdre la main dans le jeu concurrentiel avec l’essor de systèmes électriques innovants qui équipent les véhicules zéro émission et bientôt les véhicules thermiques. Détenteurs d’un véritable savoir-faire, qui échappe désormais aux constructeurs en raison des mouvements d’externalisation de ces dernières années, les équipementiers représentent déjà plus de 60% de la création de valeur d’une automobile. Or, l’électrification des modèles implique une révision complète de l’architecture des véhicules. Ce qui renforce le rôle de premier plan des équipementiers et fabricants de batteries. Dans ce contexte, une redistribution des cartes au sein de l’industrie automobile, voire même de l’ensemble de la filière des transports, semble fort probable.

Et en bonus, voici une analyse sur les fameux "smart grids", ces réseaux intelligents qui vont accompagner le véhicule électrique :



Si vous voulez aller plus loin, voici le site de Xerfi : http://www.xerfi.fr