Le Centre d'Analyse Stratégique, qui est un organisme rattaché à l'Etat (et qui a plus ou moins remplacé le Commissariat au Plan), a publié récemment un rapport intitulé "Les nouvelles mobilités. Adapter l’automobile aux modes de vie de demain". Il a été piloté par Olivier Paul-Dubois-Taine, Président du Groupe de travail, Ingénieur général honoraire des Ponts et Chaussées. J'ai parcouru ce rapport qui remet en cause le modèle de l'industrie automobile (une voiture pour tout faire) et qui prône une approche globale de la mobilité, avec une variété de moyens de transport (petit véhicule urbain, vélo et scooters électrique, co-voiturage, auto-partage), pratiques à utiliser et encouragés par les pouvoirs publics, qui donneraient clairement la priorité aux transports alternatifs en ville. Le rapport estime par exemple que l'on pourrait réduire de 25 % les émissions de C02 et de polluants en France à l'horizon 2030.
La grande différence, avec de précédents rapports qui pouvaient militer en faveur d'un meilleur partage des modes de transport - même s'il ne faut pas rêver, le développement des transports collectifs ne réduira qu'à la marge la circulation automobile - c'est que les citoyens peuvent choisir leur mobilité. Grâce à la révolution numérique, et en particulier le téléphone portable géolocalisé, l’information est disponible pour tous. Les smart devices – les téléphones "intelligents" – signaleront bientôt à chaque usager, là où il se trouve, les services dont il dispose ainsi que les offres de mobilité pour y accéder. Un porteur de smart device sera aussi de plus en plus producteur d’informations à destination des autres utilisateurs, au sein du "nuage numérique".
Le rapport préconise également l'émergence de nouveaux opérateurs de la mobilité. Alors que certains constructeurs essaient de faire croire qu'il suffit de produire des véhicules électriques pour régler le problème, ce sont sans doute d'autres acteurs qui proposeront des forfaits. Ainsi, on peut imaginer des formules de location, par exemple à l'heure, pour pouvoir profiter au moment où on en a besoin d'un vélo à assistance électrique ou d'un scooter à troies roues, plutôt que la berline familiale. La "voiture plaisir" risque de devenir une "voiture outil", avec beaucoup plus de rotation. Plutôt que de dormir sur un parking, elle pourrait servir à répondre à des besoins de mobilité d'autres personnes. Mais, il faudra que le système soit organisé, avec l'appui des collectivités et des pouvoirs publics.
L'arrivée d’une nouvelle génération de véhicules, entièrement électriques ou
hybrides est naturellement évoquée. Mais, tout l’enjeu des prochaines années résidera dans la capacité de notre pays à intégrer ces véhicules dans une vision
globale de la mobilité. Autrement dit, il n'y a pas une solution, mais plusieurs perspectives avec à plus long terme, un nouveau partage de la chaîne de la valeur dans l’automobile pour permettre le passage progressif d’une économie de biens à une économie de services. L'arrivée de nouveaux opérateurs de mobilité avec des bouquets de services, de l'information en temps réel sur le web et les mobiles et une éducation du public pour utiliser tous les modes de transport, sont autant de leviers pour réussir ce pari.
Si vous avez le courage de lire les 111 pages du rapport, voici le lien :
http://www.strategie.gouv.fr/