L’Académie des technologies, qui est un établissement public administratif national placé sous la tutelle du ministre chargé de la recherche, a publié un avis par rapport à la COP21. Elle estime que la technologie va jouer un rôle important, en particulier dans le transport où la combinaison des technologies de l'information et d'Internet va permettre d'atténuer les émissions de gaz à effet de serre. L'académie, qui fait la promotion d'un "progrès raisonné, choisi et partagé", cherche une voie entre les climato-sceptiques et les prédicateurs de l'apocalypse. Et fait preuve d'un réalisme bienvenu.
Si cet avis reste très général, en proposant d'optimiser le système de transport avec "intelligence et persévérance", plutôt que de chercher à tout prix la rupture (ce qui n'interdit pas d'intensifier la R&D), il capitalise en partie sur un rapport réalisé sur la voiture du futur en septembre 2012. Dans ce document, qui mettait au passage en doute la stratégie de Renault sur le tout-électrique, tout un passage concerne le transport intelligent. Ce domaine, que le grand public commence tout juste à découvrir, recèle un très grand potentiel avec la communication entre les véhicules et l'infrastructure. C'est en effet par des systèmes coopératifs que l'on pourra obtenir non seulement des gains en sécurité routière, mais aussi réduire les bouchons et la consommation d'énergie.
Le véhicule particulier va entrer dans un système. Il sera l'un des maillons de la chaîne, devenant à la fois un émetteur et un récepteur d'informations sur le trafic. L'automobiliste va aussi sortir de sa bulle, en s'ouvrant davantage aux modes alternatifs (qui pourront lui être suggéré en fonction de l'état de la circulation) et en partageant éventuellement son habitacle pour du covoiturage. Toutes les briques sont là, avec le haut débit mobile et l'open data. Le rapport de 2012 ne connaissait pas Uber, Blablacar et Drivy. Il ne mentionne pas plus le véhicule autonome, qui n'avait pas alors la même aura médiatique qu'aujourd'hui. Mais si l'on tient compte de ces éléments, et si la France fait le pari de soutenir l'innovation, elle peut entraîner la société dans un cercle vertueux.
En résumé, il ne faudrait pas que la COP21 se limite à une flotte de véhicules électriques pour transporter les VIP et quelques démonstrateurs ici ou là. Une action de fond sur le gros du parc serait plus pertinente. Allez, osons l'intelligence...