jeudi 26 septembre 2013

La SNCF devient un acteur majeur du covoiturage et de la mobilité sans couture

La SNCF devient peu à peu un opérateur de mobilité. Au lieu de regarder passer les trains (facile, je vous l'avoue), la compagnie nationale - dont j'ai déjà parlé à de multiples reprises sur ce blog - a changé de braquet en faisant l'acquisition du site 123envoiture.com, dans lequel elle avait déjà investi* en 2009. Elle en a pris le contrôle à travers Ecolutis, une de ses sociétés qui fait du covoiturage au sein des entreprises. Pourquoi ? En raison du dynamisme de ce marché du covoiturage entre particuliers, la SNCF accélère afin de ne pas laisser un acteur comme Blablacar** lui faire trop d'ombre, mais aussi pour déployer des services. Il y a une logique dans les différentes activités autour de la mobilité.

Ecolutis rejoint le pôle voyages de la SNCF, au même titre qu'iDBus*** et iDTGV. L'objectif est de faire monter en puissance le site 123envoiture.com auprès du grand public avec sans doute plus de moyens. Le covoiturage est un moyen de récupérer des clients.


Il faut rappeler par ailleurs que plus de 400 gares proposent un service de covoiturage, en particulier sur le réseau Transilien. La SNCF a même développé un site mobile (http://covoiturage.sncf.mobi/) pour mettre en rapport les propriétaires et les passagers. On peut imaginer des synergies entre 123envoiture et ce service, tout comme avec d'autres filiales du groupe SNCF, en particulier Keolis, qui exploite de nombreux réseaux de transport urbain en France, et dont la filiale Effia propose des services pour le stationnement (réservation de places par Internet et smartphone).


La SNCF propose déjà d'autres services qui associent le train et la voiture. Je pense par exemple au partenariat avec Avis, qui permet d'avoir un véhicule électrique en arrivant dans les gares de Paris gare de Lyon et Marseille Saint-Charles. On peut imaginer aussi un accord du type TGV + Autolib' pour les clients qui viennent sur la capitale.


Autre exemple : le service Navendis, qui permet de bénéficier d'un véhicule avec chauffeur pour acheminer les voyageurs jusqu'au train. Proposé lors de l'achat du billet pour un IDTGV, il permet de bénéficier à bord du Wifi, d'une tablette tactile, d'un chargeur de portable et surtout d'un tarif fixe, la course étant payée à la commande. C'est mieux et moins cher que le taxi.


Et demain ? La SNCF fait partie, comme Orange et Total, du fonds Ecomobilité Ventures. Cette société d’investissement dispose d’un capital de 30 millions d’euros afin d’investir dans de jeunes entreprises innovantes. Les premières prises de participation concernent la plateforme de location entre particuliers Zilok Auto, l’inventeur de la roue électrique Ez Wheel et le spécialiste de l’autopartage de véhicules décarbonés pour les entreprises Move About.

*La SNCF avait déjà pris, par le biais de son fonds d'investissement Ecomobilités Partenaires, une participation de 20 % dans Green Cove, société éditrice de 123envoiture.com.
**Le site (ex Covoiturage.fr) affirme transporter 600.000 passagers par mois en Europe, ce qui représente 1.500 rames de TGV pleines. Il vise en fin d'année l'objectif de 900 000 clients, ce qui serait comparable au trafic de l'Eurostar. ***L'an dernier, la SNCF a ainsi lancé iDBUS pour ne pas laisser Eurolines (groupe Transdev), l'acteur historique du marché, profiter seul de l'ouverture partielle du transport par autocar sur les liaisons domestiques. Elle propose aujourd'hui 5 allers-retours quotidiens en bus entre Paris et Lyon, et 11 entre Paris et Lille. Les bus proposent du WiFi à bord et des prises électriques.