lundi 8 décembre 2014

Fin du diesel à Paris : le grand délire de Mme Hidalgo et de ses amis

Ainsi donc, en mal d'actu - et aussi par habitude il faut le dire - la presse a repris hier les déclarations d'Anne Hidalgo dans le JDD. "Nous ne voulons plus de diesel à Paris", déclare le maire de Paris, qui a présenté au journal du groupe Lagardère "en exclusivité" son plan antipollution. En vérité, rien de tout cela n'est surprenant. Mme Hidalgo a pris cet engagement irréaliste pendant sa campagne. Et elle tente maintenant de tenir ses engagements, sous la pression de ses encombrants et très exigeants alliés écologistes. Et ce n'est pas pas très surprenant non plus de la part du JDD, qui régulièrement annonce des plans anti-voitures dans ses colonnes et prend sans doute un malin plaisir à flatter le lectorat bobo qui roule à Vélib' la semaine et prend le 4X4 le week end pour aller à Deauville. Le problème, c'est qu'on parle ici du diesel, la motorisation qu'utilisent en majorité les pauvres.
Evidemment, ce n'est pas très glamour. Les pauvres ont des familles, habitent en banlieue, doivent prendre leur voiture pour aller travailler (ils ne peuvent pas y aller en vélo ou en transports en commun comme "tout le monde" ?) et ne veulent même pas de la jolie prime qui permet de se débarrasser d'un vieux diesel au profit d'une voiture électrique. "Salauds de pauvres", comme dirait Coluche.

Si je comprends bien, la mairie de Paris veut interdire totalement le diesel d'ici 2020. Comment ? Cela reste à voir. "Grâce à des pastilles ou des puces, on pourra bientôt identifier le degré de pollution de chaque véhicule", dit le maire de Paris. "Il y aura des contrôles routiers", éventuellement grâce aux "portiques prévus à l'origine pour l'écotaxe", et "avec des caméras".

Une fois de plus, par incompétence et aveuglement, les politiques ne veulent pas faire la différence entre le diesel d'aujourd'hui et les vieux moteurs d'hier (essence comme diesel d'ailleurs), ni entre poids-lourds, utilitaires et voitures particulières. Rappelons simplement qu'un diesel Euro 6 est aujourd'hui plus propre qu'un moteur essence à injection directe qui, lui, rejette plus de particules (eh oui !). Le maire de Londres, qui veut taxer les vieux diesels, a au moins prévu d'exempter les modèles Euro 6 dans le cadre de son projet.

Et pendant qu'on y est, arrêtons de citer en exemple Tokyo où, contrairement à une idée reçue le diesel y serait interdit. La capitale japonaise a fait campagne il est vrai à une époque contre le diesel. Mais plus aujourd'hui. Quelques constructeurs, dont le japonais Mazda, y vendent des modèles équivalents à la norme Euro 6. Mazda a même prévu d'y proposer de l'hybride diesel en 2016.
Le Yomiuri Shimbun rappelait récemment que 76 000 véhicules diesel ont été vendus au Japon en 2013, deux fois plus qu'en 2012.

Autre mesure forte : un hyper-centre réservé aux véhicules propres. Ainsi, seuls des véhicules à ultra basse consommation pourraient rouler dans la rue de Rivoli et sur les Champs-Elysées. A priori, cela autoriserait pourtant les diesels propres et les modèles hybrides diesel. Je serais curieux de savoir si, en cas de renonciation, des ZADistes viendront occuper ces lieux emblématiques de la capitale. Ce serait drôle, non ?

Le projet prévoit aussi de transformer les 4 premiers arrondissements en zones semi-piétonnes. A part les résidents, seuls les taxis et bus auraient le droit de circuler, de même que les véhicules d'urgence et de livraison. A ce propos, Mme Hidalgo veut convaincre les professionnels d'abandonner l'utilitaire diesel au profit de l'électrique. En les incitant financièrement. Il suffit de voir l'exemple des taxis, eux aussi encouragés à adopter la même démarche, et qui ignorent superbement ce doux rêve.

Le plan prévoit également l'extension des zones 30. Une mesure qui, si elle peut améliorer la sécurité, ne fait qu'aggraver en revanche la pollution. Il est aussi question de développer encore plus le Vélib' au-delà de Paris et d'intégrer des vélos à assistance électrique (ça coûtera plus cher à Decaux en réparation).

Il est quand même surprenant que des politiques soient à ce point déconnectés des réalités pour imaginer que des ménages modestes puissent massivement abandonner leur voiture, se mettre à pédaler, rouler en Autolib' ou aller s'intoxiquer dans des métros archi-bondés et qui sont pour le coup de véritables nids à particules.

Au-delà de cet effet de manches, qui fait l'impasse sur les financements et les autorisations nécessaires (de la part de l'Etat et des communes voisines, sachant que le futur Grand Paris est majoritairement à droite), Mme Hidalgo doit convaincre le conseil de Paris le 9 février prochain. N'oublions pas que son beau projet de tour Triangle a été descendu en flammes. Qui nous dit qu'une majorité soutiendrait ce plan ?

Par contre, une chose est sûre. Il faudra bien que la France passe un jour ou l'autre aux Low Emission Zones pour réduire la part des véhicules les plus polluants. Il n'est pas interdit de le faire avec intelligence et méthode.