mercredi 3 avril 2013

Toulouse et sa région s'affirment dans le véhicule intelligent, connecté et électrifié

Hier, j'étais à Toulouse pour la première convention d'affaires d'Automotech, un cluster labellisé par la PFA (Plateforme de la Filière Automobile) et qui vient de fêter son premier anniversaire. La manifestation, placée sous le signe de l'électromobilité et des nouveaux usages, et sur laquelle je reviendrai un peu plus loin, était l'occasion de mieux faire connaître les compétences de la région. Quand on parle de Toulouse, on pense d'abord à Airbus et à la filière aéronautique (voire spatiale), mais l'électronique automobile y est très présente depuis plus d'une trentaine d'années.



Continental Automotive est la société la plus représentative. La filiale française de l'équipementier allemand (qui autrefois s'appelait Siemens VDO) a son siège à Toulouse et a des usines dans la région. Elle collabore notamment avec Renault, en fournissant les moteurs électriques (y compris sur la Zoé).


L'autre acteur clé est l'équipementier Actia. Spécialiste de l'électronique, c'est lui qui - avec le concours de Leroy Somer - fournit la chaîne de traction et l'intelligence de la célèbre Bluecar de Bolloré. Un partenariat qui pourrait avoir des conséquences pour la ville de Toulouse. J'y reviens juste après.


Agrégeant une quarantaine de membres, le cluster Automotech souhaite donc fédérer les entreprises de la région (sous l'impulsion de Midi Pyrénées Expansion), du deux roues à l'utilitaire léger. Le mot d'ordre est de favoriser, autant que possible, la compétence locale. Or, on trouve à la fois des fabricants de véhicules, des fournisseurs de composants et même des fabricants de bornes de charge (à l'image du groupe Cahors avec ses bornes communicantes).


Autre exemple : le Businova de Safra. Ce bus électrique multi-hybride (électrique, hydraulique et thermique), qui revendique 200 km d'autonomie, peut transporter 90 personnes. Il est fabriqué en France et plus précisément à Albi.


Toulouse cherche en fait sa place. La ville rose voit d'autres métropoles régionales passer à l'électrique, comme Bordeaux qui va adopter Autolib' tout comme Lyon (des contacts seraient en cours au niveau de la mairie). De l'autre côté des Pyrénées, Barcelone a une stratégie très intéressante avec une réflexion sur le taxi et le bus électriques, ainsi que sur le véhicule partagé, qui prendra la forme d'une offre de location de scooters électriques avec un fabricant local. Aujourd'hui, Toulouse a un service d'autopartage baptisé Mobilib' et avec des véhicules thermiques. La ville a aussi expérimenté la technologie NFC (Near Field Conmmunication) pour remplacer la clé de contact par un smartphone sur la voiture partagée.


C'est d'ailleurs une version plus évoluée que Continental a présentée lors de la convention Automotech. Le smartphone sert à la fois de sésame électronique et de co-pilote électronique, une application avec GPS ayant été développée par l'équipementier pour faciliter l'usage du véhicule électrique partagé. Elle est en test à Bordeaux avec Veolia.

Voir le diaporama :

 

Les technologies de l'information sont d'ailleurs l'un des atouts de Toulouse et sa région. On y trouve par exemple la société Lyberta, une "spin off" issue du CNES et spécialisée dans la géolocalisation des places de parking (via des sondes communicantes).


A l'occasion d'Automotech, elle a présenté le concept Statiolib, qui comme son nom l'indique est une solution d'aide au stationnement public. Via son smartphone, on peut trouver plus facilement une place (la place libre remontant l'info à un serveur).


Ce ne sont pas les idées qui manquent. Il y a toutes les briques, mais encore faut-il trouver l'opérateur qui saura mettre en musique tous ces concepts. Lors d'une table ronde, Actia a suggéré de rééditer l'expérience de Rockfeller qui avait su imposer un carburant (à partir du pétrole de la Standard Oil) et contribuer ainsi à l'essor de la Ford T. Bolloré pourrait jouer ce rôle en France en investissant dans les bornes et le service de mobilité.


Et pour boucler la boucle, signalons au passage que le savoir-faire de l'automobile va bénéficier à l'aéronautique à Toulouse (tout comme le transport ferroviaire et terrestre). Continental dispose en effet d'une filiale chargée de valoriser son savoir-faire (motorisations électriques et hybrides, capteurs, systèmes d'aide à la conduite) dans d'autres secteurs d'activité. C'est ainsi que des avions pourraient par exemple dans le futur rouler en mode électrique sur le tarmac de l'aéroport de Blagnac avec de la technologie "made in Toulouse".