Le salon eCarTec Paris, qui se veut l’événement de référence en France sur l’électromobilité, n’oublie pas l’hydrogène. Une session sur ce thème a permis d’apprendre plusieurs informations utiles, alors que la France ne jure que par le véhicule électrique et hybride. Quand on regarde ce qui se passe en Europe et dans le monde, certains chiffres font mal. Et on ne comprend toujours pas pourquoi les pouvoirs publics ne prennent pas en compte ce type d’énergie, alors que le sujet concerne deux grands champion de l’hexagone : Air Liquide et… Total !
Le pétrolier français est en effet très actif en Allemagne, le pays qui pousse le plus en Europe sur l’hydrogène. Total fait partie d’un consortium avec Shell et plusieurs constructeurs*qui participe au financement de stations de ravitaillement. Il y en aura 50 dès 2015 et 1000 en 2030. L’Allemagne n’est pas le seul pays à croire à l’hydrogène, puisque des stations sont aussi opérationnelles en Italie, en Grande-Bretagne (qui veut couvrir tout le pays en 2030 dans le cadre de H2 Mobility UK), au Benelux et dans les pays scandinaves. Il ne vous aura pas échappé que la France n’en compte aucune et qu’il n’y a pas de projet, les « experts » de l’Ademe ne prenant visiblement pas au sérieux cette forme d’électromobilité.
Quant à Air Liquide, c’est juste le leader mondial de l’hydrogène. Faute de réceptivité de la part des autorités publiques en France, il en est réduit à ouvrir des stations dans d’autres pays, comme par exemple à Brême, Birmingham et Berlin dans le cadre d’un projet européen**, qui permettra de tester 90 véhicules à partir de 2014. L’infrastructure n’est pas si chère à mettre en place, les spécialistes soulignant que le coût au km rechargé est 5 fois moindre quand on compare la station à hydrogène à la borne de charge électrique (génie civil inclus). A la pompe, un plein reviendrait entre 30 et 40 euros pour parcourir 500 km sans émissions de CO2. L’autonomie est en effet bien plus importante, car la pile à combustible fabrique à bord l’électricité qui fait avancer le véhicule, en transformant de l’hydrogène gazeux.
Ce même Air Liquide a mis en œuvre une stratégie « Blue Hydrogen » qui consiste à produire 50 % de l’hydrogène à partir de solutions bas ou zéro carbone à l’horizon 2020. Au Canada par exemple, un barrage sert à alimenter un électrolyseur, alors que la France va travailler sur le biogaz et la capture de CO2.
Plus étonnant, Le Monde nous apprend que "sur tous les continents existent des sources naturelles d'hydrogène qui, si elles pouvaient être exploitées industriellement, fourniraient à l'humanité une nouvelle énergie, durable et respectueuse de l'environnement. Une piste qu'une équipe de l'IFP Energies nouvelles (Ifpen) est la seule au monde à explorer, en partenariat avec l'Institut de physique du globe de Moscou".
Pour l’anecdote, les chimistes comme Solvay fabriquent indirectement de l’hydrogène quand ils font du chlore. C’est ce qu’on appelle l’hydrogène fatal : un surplus qui pourrait déjà aujourd’hui faire rouler 2 millions de véhicules en Europe, dont 300 000 en France.
Ce qui est intéressant, c’est de comparer les différentes énergies du puits à la roue, en se projetant en 2050. Une étude, réalisée il y a deux ans et consultable en ligne***, décrit l’autonomie prévisible des différentes énergies et leur bilan CO2 du puits à la roue. La lecture de ce diagramme révèle que la batterie ne devrait guère s’améliorer, son rayon d’action semblant se limiter à 250 km. Pour sa part, l’hydrogène peut dépasser les 800 km d’autonomie d’ici un peu moins de 40 ans. Cela signifie très clairement que l’électrique se cantonnera à la ville, alors que les longs trajets seront à la portée de la pile à combustible. Mais, l’hydrogène ne sera pas forcément dominant pour autant. Les constructeurs semblent penser que les moteurs thermiques ont encore un potentiel important, avec ou sans hybridation même à l’horizon 2050 !
*BMW, Daimler, Honda, Hyundai, Nissan, Toyota, Volkswagen
**SWARM (Small 4-Wheel fuel cell passenger vehicle Applications in Regional and Municipal transport).
***Lien : http://www.fch-ju.eu/sites/default/files/documents/Power_trains_for_Europe.pdf