Quand on parle du facteur 4, il s'agit de l'objectif affiché par la France de diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050, par rapport aux niveaux des années 90. Autant dire que ce sera très difficile pour ne pas dire impossible. Selon le Predit*, le chemin passe par la technologie à 50% et par les organisations et les pratiques pour les autres 50%. Mais voilà : l'élection présidentielle n'est pas loin et des questions se posent pour la suite de la 4ème édition de ce programme, qui court sur la période 2008-2012 et qui bénéficie d'un budget de 400 millions d'euros. Il est censé donner la priorité aux enjeux énergétiques et environnementaux, dont la baisse des émissions de CO2, dans le prolongement du Grenelle de l’environnement. C'est pourquoi le comité de pilotage a proposé aux ministres concernés de prolonger le Predit 4 jusqu’en 2013. Les suites de ce programme seront ainsi décidées à cette date et concerneront les années 2014 et suivantes, ce qui permettra une complète cohérence avec le planning de la Commission européenne annonçant un nouveau programme pour 2014 – 2020.
Concrètement, qu'est-ce qu'on trouve dans ce Predit ? Alors que l'Etat finance parallèlement un "Fonds Démonstrateurs" ciblé sur les véhicules décarbonés et géré par l'Ademe, le Predit a permis aux industriels** et aux laboratoires de continuer à travailler l’ensemble des filières technologiques pour les véhicules propres économes, y compris l’efficacité et la dépollution des moteurs thermiques et la réduction des nuisances sonores. Les programmes d’Investissements d’Avenir (le Grand Emprunt) vont amplifier ces efforts et devraient permettre de compenser la relative lacune, observée fin 2009, concernant les véhicules lourds non urbains. Par ailleurs, l’enjeu national et européen de la recherche sur les véhicules électriques et hybrides rechargeables a conduit le Predit 4 à prendre l’initiative d’un programme de recherche transnational dont l’appel à projets lancé le 14 décembre 2010 a suscité 40 projets en cours de sélection.
Parmi les projets qui ciblent le facteur 4, il en est un qui me semble vraiment novateur. Il s'agit du projet OpenFret qui a étudié la question de la multi modalité (rail-route) dans le transport des marchandises. La vision est passer d’une logistique de marchandises largement fragmentée et dédiée, à une logistique modulaire, avec des biens transportés par des conteneurs, et routés tels les "paquets" d’Internet, vers leur destination en utilisant tout moyen de transport, de stockage, de manutention en privilégiant l’efficacité. Il s’agit donc, en développant une suite de protocoles et de standards de conteneurs communicants, de se diriger vers une organisation distribuée et ouverte. D'où ce nom d'OpenFret et le qualificatif d'Internet physique. Le Predit suggère de faire des "hubs" multimodaux.
Une autre réflexion concerne des scénarios de mobilité durable pour les personnes et les marchandises en France à l’horizon 2050. Et là, ce n'est pas la technologie qui va régler le problème, sauf à envisager des ruptures radicales dans la maîtrise de la filière hydrogène et les piles à combustibles d'ici 2030. La volonté est plutôt de maîtriser la progression des vitesses et des distances parcourues et de les découpler de la croissance du PIB. L'idéal serait de mettre massivement les français sur les rails à grande vitesse et d'enlever des voitures de la route. Mais, c'est peu réaliste. Par contre, la maîtrise des vitesses pourrait s'accompagner d’une maîtrise de l’espace, autrement dit on pourrait "troquer" de la vitesse contre de la proximité. Ce qui revient à mettre fin à l'étalement urbain et à organiser la société pour réduire les distances entre le domicile et le travail, par la fiscalité (quotas et permis). Mais comme l'avoue le Predit, il n'a pas la recette magique et la ville "post carbone" reste à définir.
*Le Predit (Programme de REcherche et D'Innovation dans les Transports terrestres) est un programme national de recherche, initié et conduit par les ministères du développement durable (MEDOTL), de l'industrie (MinEFI), de la recherche (MESR), l'Agence Nationale de la Recherche (ANR), l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise
de l’Energie (ADEME) et OSEO, l’Agence de l’innovation.
**Dont par exemple Continental, Faurecia, Michelin, PSA, Renault et Renault Trucks, Valeo...