L'émotion suscitée par l'annonce du plan de réduction d'emplois de PSA, avec 5000 postes concernés en France (dont 2000 dans le domaine de la recherche et du développement*), m'amène aujourd'hui à traiter ce sujet avec plusieurs commentaires. D'abord, quelques mots sur le contexte. Le jour de l'annonce, je me trouvais à Belfort pour le congrès Mobilis, à quelques km de Sochaux et donc sur les terres du constructeur. Les élus locaux qui ouvraient la manifestation ont eu des mots très durs pour PSA. Par ailleurs, j'étais un peu gêné car je voulais aussi mettre l'accent sur une initiative à laquelle est liée le groupe français, très positive à mon sens et qui consiste en partenariat avec la SNCF, Orange et Total a financer des start ups dans le domaine de la mobilité, via un fonds d'investissement. Le télescopage entre les deux annonces a de quoi intriguer. Alors, que se passe-t-il ?
La démarche de PSA n'a en fait rien d'exceptionnel. Tous les constructeurs mettent l'accent sur les pays en développement. Il est plus pertinent d'avoir des centres de recherche à proximité des centres de production, en liaison avec les fournisseurs locaux, plutôt que d'imaginer depuis Sochaux ce qui va plaire aux chinois. Ce n'est pas une excuse, mais c'est comme ça. Renault fait la même chose et on pourrait trouver bien d'autres exemples. Ce n'est pas pour autant que le groupe français baisse les bras sur la recherche. Il y consacre plus de deux milliards d'euros chaque année et la volonté est aujourd'hui de dépenser différemment. L'effort de recherche est par exemple orienté vers l'électrification, avec la joint venture nouée en partenariat avec BMW, ou encore vers les mobilités de demain comme on a pu le voir avec Ecomobilité Ventures. J'ai eu l'occasion aussi de parler de la structure StelLab, qui est un pari sur l'avenir, avec des liens tissés vers des universités et des organismes capables d'aider le constructeur à anticiper sur les ruptures à venir.
Les politiques sont dans leur rôle, surtout en période électorale, quand ils pointent du doigt l'aide fournie par l'Etat aux entreprises. Le gouvernement peut en effet reprocher aux industriels de bénéficier du crédit impôt recherche. Il pourrait aussi s'intéresser aux financements dont bénéficient PSA, Renault et bien des équipementiers, dans le cadre de projet de R&D publics (alors qu'il s'agit de technologies qu'ils ont en général déjà développé en interne). En revanche, l'argument du prêt pendant la crise ne tient pas, car les constructeurs ont remboursé cet argent pour ne pas justement être prisonniers d'engagements intenables. La vraie question est celle de la pertinence de la recherche à la française. Quelle est sa place ? Renault promettait de relocaliser avec la voiture électrique, mais quand on voit que l'usine de Flins destinée aux batteries va finalement être gérée par Nissan, qui soit dit en passant est celui qui a vraiment la main au sein de l'Alliance sur les développements, on peut effectivement se poser des questions.
*Dont des prestataires extérieurs qui travaillaient au quotidien dans l'entreprise.